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LA COLLINE AUX CIGALES
26 octobre 2012

Ma voyante-veilleuse.

ef16f0cfTu le sais, ma doudou d’amour, j’ai bu dans mes yeux jusqu’à devenir aveugle. Et sur ce sable taché traîne encore des coquillages vidés, des châteaux inachevés et dépeuplés de sens. Je suis impuissant et rompu à d’incessantes bouffées de déception qui limogent ma marche névrotique.

J’aimerais pouvoir te dire que le passé d’où je t’écris est désert. Pleinement désert. Qu’il n’y a plus rien et qu’il n’existe plus que ce présent que je t’offre. Mais, j’aperçois dans les courbes d’hier des miettes encore atrophiées et anémiées. Des sanglots et des convulsions irrémissibles. Des souffles silencieux écrivent sous la terre, plus bas que les racines et les veines du temps. Des signes vifs qui comme des coups de balais vident les armoires poussiéreuses. 

Dans le nu étonné de la mémoire des pierres, une poudrée de l’intérieur du jaspe, une argile sédimentaire où l’infini a fait son nid. Et, je n’écris plus que le silence qui rêve. Et, je te livre les derniers remords comme une délivrance, je te dévoile leurs dernières gouttes surannées parce que dans cette chambre éteinte et parfumée se cachent les dernières bourres du regret. Le chagrin fait bourgeonner le miracle où se penche l’odeur d’une naissance. Du talc et de la pommade cicatrisante. Ce que j’écris est dans les parois de l’air. Là où ton absence est lourde comme le monde. Ton règne est la balafre de mes rêves. Une longue ligne écharpée traversant mon cœur. Tu es debout dans mes yeux et tu me regardes.

Hier, c’était toi dans la blessure. Aujourd’hui, tu tapisses ma respiration comme une odeur de lavande où vont danser les abeilles. Du miel jaillit de l’outre-tombe des mots et des écritures.  

Tu es ma voyante-veilleuse depuis le germe du jour jusqu’au bout de ma mémoire. Un fil, un souffle, les battements de nos cils ajoutent l’émotion transfusée d’espérance à chacun de nos partages. Nous mûrissons de la grappe fragile où chaque parole devient un port, une allégeance fraternelle, un goutte-à-goutte de fidélité. Et nous voyageons dans le mot tels des comparses joyeux que nulle altitude n’effraie. Bientôt, nous plongerons dans l’avenir pour lui dire le fusain de nos voix rassemblées en une chapelle de craies douces.

Au sommet de ta bouche, le jour s’avance comme une lumière pliée entre les pierres, ruisselante parmi les fleurs et l’herbe sur le talus qui nous fait face. Le jour trottine doucement dans le repli du monde, il se glisse dans la pénombre comme un trait de sirop se dissipe dans de l’eau fraîche. Il dégrafe la poitrine des heures où roucoulent en cœur les vastes bouffées du soleil. Seul le temps des hommes nous sépare. Partout, des chaises vides se démembrent et tombent comme des graines échappées du silo de nos tendresses. Des voix anonymes chantent avec le vent, elles dénoyautent l’impalpable semaison de nos entrailles. C’est dans ce brouillard d’airain où se cachent nos craintes, dans ce pastiche épais comme nos murmures muselés que lentement nous décollons de nos empreintes.

 

 

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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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