Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LA COLLINE AUX CIGALES
24 octobre 2012

Appendice à l’ingratitude.

ecd3b51f

Tout l’avenir est insidieusement conservé dans le déversement du passé. L’immédiat est hors du nid. Tu t’es retirée de l’existence et soudain l’inertie dans laquelle tu t’es installée pique du nez. Parfois la mémoire n’a plus de berger et le troupeau de souvenirs décoffre l’horizon à coups de râteaux. Alors, je ferme les yeux sans compter et tu te caches à l’intérieur d’un voyage immobile.

Je voudrais de l’eau pour arroser la fleur séchée entre les pages de ma vie. Je voudrais que le souvenir soit utile à la junte envahissante qui anéantit mon esprit. Trop de pierres lourdes pèsent sur mon front. La joie perd ses bretelles sur des terres inondées par la résignation et la consternation.

L’utopie est la canne blanche de la réalité. Tais ma voix, barricade mon corps, coupe mon cœur en deux, en trois, en mille fragments, j’irai encore à tâtons, à plat ventre et même sous les eaux, s’il le faut. J’irai désaltérer le vide sous la tonnelle de mon amour.  

Il n’y a pas de sens à ma vie. Ma sœur, une fraîche lueur inappropriée cerne tes yeux. Je ne pense à rien et cependant l’image du tonnerre ne me quitte pas. Chaque chose en cette vie transporte avec elle une tombe plus au moins fleurie. Vivre est inéquitable en rien, c’est le relent, le sans retour, l’ombre arrachée au brouillard. Tout mon amour est dans cette mort sans appartenance et sans gouvernance. Je m’enlise dans l’entièreté du bruit qui court dans la poussière, dans cette mitraille sur la pierre, ce festin pour le sommeil, cet appétit du feu dans le noir tout entier. La mort m’a banni de moi-même. J’ai trop de prétention pour qu’elle me consacre ne serait-ce qu’un regard. Je suis dans la convalescence des souffles et je m’ignore dans la déroute de la lumière. 

C’est dans la tempête que l’on reconnaît le vent qui passe. Le ciel est dépourvu de croix, la poussière va à la poussière sans se soucier du mystère qui désole l’esprit. La mort a toujours le dernier mot.

Mon histoire se résume entre l’irréalité de la vie quotidienne et la réalité de mon imaginaire. Ma faim trouve autant de satisfaction dans l’image d’un risotto virtuel qu’en mangeant une pomme avec une délectation éprouvée. Les ombres glacées laissent des traces sur ma peau. J’habite un ailleurs façonné par ma solitude et par le goût que j’ai à corrompre la servitude d’un corps dépendant de la dérision du monde.

J’ai horreur de cette sensation amère sur le coin des lèvres qui me rappelle que je n’ai été qu’un tremplin, qu’une façade servant à renvoyer le soleil sur d’autres ombres que les miennes. Tu vois, ton pardon est une chose acceptable, mais la tricherie qui l’a précédé ne lui offre pas la rémission. L’écueil est là, encarcané sur les stances de la pureté des émotions, et c’est le trou noir. Car, il aurait fallu que je ne te crois pas et que je sois absous de toute confiance pour que je sois délivré du sort. Après quoi, je me raconte des histoires humaines pour oublier les fables du réel. Il y a des fumées provenant des hautes mers qui encombrent la vision claire à toute vérité. Mon radeau est une pelle, et je gratte, et je creuse l’air pour le fendre.

L’amour est aussi cru qu’un coup de fusil dans la nuit. Une lumière rampe sur l’horizon, tu es là, tu veilles sur le balcon sans lune. Le silence défonce le chagrin d’une eau plus pure, et c’est le sourd déluge de la neige qui ensevelit nos voix.

 

 

Publicité
Commentaires
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 207 341
LA COLLINE AUX CIGALES
Publicité