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LA COLLINE AUX CIGALES
18 octobre 2012

Mon cœur est une membrane extensible.

a6d6cb62Aimer, c’est être autre. Perpétuellement autre. Ma peau connaît la nouveauté de chaque aube. La chair s’éprouve de l’accent des ondes qui s’échappent des feuilles à chaque saison. Je me confronte toujours au paradoxe de la comparaison entre hier et aujourd’hui, mais j’ai conscience que leurs ressemblances n’ont aucune analogie véritable. Chaque émotion est novatrice et ne peut être le calque d’une précédente.

Je viens à toi transporté par les sonnets de mes frissons. Différentes musiques m’accompagnent. L’air est malin, il n’en fixe aucune. Il se suffit à contribuer au voyage.

Mon cœur est une membrane extensible. Il est une flaque d’eau où se reflète ton visage. Il va de courses en courses à travers les roseaux qui nous cachent partiellement. J’oscille toujours entre le trouble et la clarté aveuglante. Dans le brouillard de mes rêves se féconde par intermittence la durée qui m’échappe. Je ne sens bien que ce que je connais déjà. Toute nouvelle découverte me laisse sans voix. Mon sang est un flot incompressible, je me noie dans chaque spasme. Une part d’inconnu m’émerveille, une autre me glace. Mon radeau d’ivresse dérive dans une nuit désaxée. Mon instinct est une boussole disproportionnée. Des mots incarnent mon senti aussi distinctement que l’écho du bruit qui remonte de mon ventre. Ils n’ont de consistance que dans l’instant. Ils crient dans l’écriture que je pose et puis s’en retournent au silence. Ils couvent à l’intérieur d’un non-dit hurlant.

Mes rêves sont toujours trop grands. Il m’est impossible de les combler entièrement. Souvent, je les laisse s’endormir tranquilles. Ils sommeillent dans mon crâne comme des veilleurs de sons, comme des consoles devenues obsolète dans la durée. Mon imaginaire est un amoncellement d’émotions rémanentes. Des brins d’herbes rencontrent des images confuses à l’intérieur d’un paysage sans cesse renouvelé. J’avance néanmoins. Je ne sais pas pourquoi. Mais je marche sur le vide où je glisse comme sur de la glace. L’équilibre nécessite chez moi la détermination de la flamme passionnelle. Mon cœur est un moteur à quatre temps, une syncope vivaldienne, un hymne prolongé et irrésolu à la solitude. Il becquette à tous les rendez-vous de son audace. L’ardeur singulière d’aimer se retrouve dans la plume qui écrit sur ta peau. Je rêve éveillé. Tes lèvres se collent doucement sur mon front. J’entends courir des chevaux dans l’ombre qui me suit. Mes pieds sont posés sur du sable. Je sens l’iode s’installer dans la sensualité de l’eau. La mer peu à peu découd l’égoïsme qui m’étouffe. Je te ressens à mes extrémités comme une intime buée de sel qui se répand sur le gouffre de mes carences. Ton parfum épouse le mien et nos filtres sensitifs s’en vont danser la joie qui nous envahit.

Le rêve se soumet au réel, sans quoi il voltigerait à mille lieux de mon présent. Une fois encore, seul  l’immédiat me donne la sensation d’une forme de puissance sur mon être, sur mes actes et sur ma volonté. L’estime que je m’accorde évalue l’handicap qui me retient au fond de moi. J’ai besoin de la confrontation avec le monde qui m’entoure afin d’analyser plus précisément la déliquescence qui semble inonder mon existence. Il est vrai que c’est un peu menottes au cœur que j’avance vers la joie de vivre. Sans doute, j’oppose trop le plaisir quantifié à l’épreuve qu’il nécessite pour le sentir vibrer un peu partout dans mes veines. Et puis, le quotidien éprouve toutes les théories, et il me faut accepter d’avancer sans me soucier de l’inconnu. Je marche à tâtons dans une vie qui n’est pas rêvée. 

J’ai passé la nuit à remâcher l’image que j’ai de toi. Sur ma toile : une simple photo un peu passée et quelques mots partagés. Le tout éprouvé avec le senti du cœur.

Mes pensées façonnent tes sourires que je ne connais plus. Cette nuit, aimer, c’était penser. J’ai vu tes lèvres légèrement entrouvertes par où clapotaient les murmures anciens. Des rêves ont forgé mes cicatrices. Maintenant, je te vois par la fenêtre de mon ciel. Tu te tiens à l’écart, assise sur un nuage blanc. Tes mains me font des signes et appellent la lune. « Madame la lune soyez gentille, veuillez baisser votre lumière, je voudrais la pénombre pour me rapprocher discrètement », lui disais-tu. Je ne sais pas si elle t’a écouté, mais j’ai senti ta bouche se poser sur mon cœur.

J’ai passé la nuit dans les bras d’une Orphée espagnole. Elle dansait le flamenco et un feu de bois illuminait ses yeux. Deux étoiles sont venues me chercher et j’ai dormi dans les plis de tes soupirs. 

J’attends après tes yeux, penché sur la commode du temps. Chaque tiroir est un aveu que la lumière transperce. Je ne saurais pas dire, pas plus que toi, le ferment de tendresse inondant mon cœur. Mes lèvres étaient des prières, elles deviennent peu à peu les sillons où s’ébrèche mon désir. Je veux venir à toi dans la pénombre, prendre ta main, saisir tes hanches, et fusionner dans l’éclair de nos ressemblances. Nos caressent seront nos paroles et nous tricoterons le silence dans la joie que procure les sens lorsqu’ils habitent leurs jouissances dans le réel. Viens, est le seul mot qui me reste.

 

 

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"Toujours il y a une vieille mémoire qui remue en nous, quelque chose qui chante de l'autre côté, qui appelle, où qui hante. C'est un pays, un là-bas où l'on avait couru, joué, toujours joué, un grand espace ensoleillé qui nous habite quand même entre nos quatre murs et nos complets vestons si étriqués. Il y a une vieille musique, un vieil oiseau sauvage jamais attrapé qui bat quand même des ailes dans notre cage."<br /> <br /> <br /> <br /> Satprem.
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