Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LA COLLINE AUX CIGALES
13 octobre 2012

Chaque matin.

390ff3dfNous sommes ensemencés. Et, nos mémoires sont affamées.

Sous les décombres, la cognée enfonce l’air dans le soupir des cystes. Le monde qui nous entoure parle une autre langue. L’amour se réfugie sous les ailes cendrées d’un albatros. Vorace, il nous dépèce de son bec comprimé aux bords tranchants. De ces heures décoiffées sur la grande tignasse du temps, il ne reste que l’âtre noirci par les bûches de frissons. L’heure a rompu comme un citron broyé par les hélices du soleil. C’est l’air qui ballonne et la mémoire qui se dégonfle.

Des siècles d’abstinence sont couchés derrière moi. Une patrie de froideur et de vide que je retrouverai fatalement au bout de l’aventure comme un jeune enfant ne peut s’éloigner trop longtemps du sein de sa génitrice. Qu’importe l’échéance et la durée. Une vie bien pleine, n’est-ce pas la lueur claire de l’amour qui nous transporte ?

N’est-ce pas la disparition momentanée de toute inertie et de toute insensiblerie ?

Chaque matin, la mort affirme sa cuisante victoire. Elle se réveille d’un pied et se lève comme une girouette grince sous l’assaut du souffle de la lumière. Et ta main passe sur les yeux ouverts, et tes lèvres ignorent les nouvelles syllabes de la terre qui se retourne.

La mort est venue, elle a ressuscité ton regard, elle a ranimé la meule du ciel où se brocardent les rayons du soleil.

Les jours sont trop clairs pour s’élever jusqu’à l’enfance des éclairs. Le blanc posé sur les prairies ressemble à cette crème de lait, ce lait cru, qui a tapissé nos gorges. Partout, l’alphabet de nos premiers pas pique le sol. Le fil du cœur est embusqué dans l’air. Le vent secoue la vitre. Elle est restée ouverte.

J’entends encore l’aboiement derrière le mur. Chaque matin, c’est le même brassage, la même pelle qui soulève les ombres, le même rideau qui recouvre les sanglots des champs délivrés de leur récolte.  

Un instant, je te perds dans les arbres brûlés où une corneille s’est posée.La durée est une échéance morte.

 

 

Publicité
Commentaires
B
Merci Ile. Ton regard émerveille mes sens.
I
Ce texte est fulgurant de beauté !
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 207 337
LA COLLINE AUX CIGALES
Publicité