Et tu es là, enracinée au feu.
Je ne sais plus servir les gestes qui renaissent avec l’aube. J’écris à l’envers sur une guimauve desséchée. Serais-je devenu un amalgame de poussière ou bien une simple prose d’air ? Je t’écris et je repousse en même temps les frontières du vide qui m’assaille.
Sur la rade, quelques souhaits pétris dans les mailles de ton absence. Je me cache dans l’arrière boutique des cœurs qui ont perdu la tête. Je porte dans ma chair l’inscription d’un dépassement. Dans mes fibres, un autre monde et un passe muraille, une racine volante d’espace en espace, d’aires en aires, de mains en mains sont immolés pour l’éternité. Je suis plongé dans l’incohérence des réflexions comme une pierre au fond d’un trou.
Je n’aime pas l’insuffisance de la nuit et les cauchemars qui tendent vers la perfection. Je traîne dans les souvenirs débraillés des aurores cosmiques. Un foulard rouge flotte à l’extrémité du pont où je dois te rejoindre. Je passe par là en robe d’éphémère, je ne sais pas si mon regard s’attarde sur une cicatrice ou sur la déprime qui fait route vers toi. J’ai la bouche fermée comme une ruche endormie tout prés de ton prénom.
Je mousse, je neige et je soleille. Un air marin sur la brouette qui parcourt tes dunes. La lande charnelle en plein vent, ton parfum s’incruste aux parois qui ne parlent que de toi. Un instant de cristal sur la langue, l’écheveau de frissons s’agglutine sous ton absence. Je deviens une coque de bateau oubliée dans un port imaginaire. Je flirte avec les vagues et je disparais avec l’écume blanche de la mémoire.
J’écris sur les murs de ma prison, mon souffle comprimé aux barreaux de l’ennui. Je t’invente mille fois comme une fleur apprivoisée sur le pont de mes soupirs. Il n’existe pas de certificat d’amour, sans quoi je l’aurais brûlé d’une seule pensée. Je marche à l’intérieur du souvenir comme une flamme portée par le vent. Et tu es là, enracinée au feu. Je glisse et tu glousses comme une autruche déplumée.
Quelque chose s’apitoie sur notre sort sans que l’on puisse vraiment dire que c’est nous-mêmes. Une poignée d’air régurgitée dérape sous nos champs d’ortie. Une statue anonyme, gisant dans les fonds marins, nous fait un clin d’œil. Un atome nu, dépeuplé de semence. Une ombre blanche nouée à la lumière. Un fil transparent. Une soif inconnue pliée dans nos ventres. Le cri de l’air est terrifiant lorsqu’il s’effondre comme un château de cartes.