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LA COLLINE AUX CIGALES
30 septembre 2012

Jusqu’à la fois suivante.

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Vois combien aujourd’hui, le manque n’est déjà plus qu’une déficience accablante. Combien  il n’est qu’une pauvreté racornie, qu’une misère terrassée par de sombres afflictions, par des tribulations désaffectées. Vois combien nous ne savons plus que déambuler tels des va-nu-pieds, des errants sur une île perdue demeurée nostalgique. Nous sommes condamnés à la réduction et à l’étroitesse de la banalité de toutes les lamentations. Nos vies ont perdu la trace d’existence qui leur a servie. La terre s’est levée comme une vague. Et, nous sommes désormais seul comme l’air que nous avons respiré. Le point de rupture nous possède totalement. Il nous a envahis comme une mort latente, une mort de proximité, une mort profondément insérée à notre souffle. Nous sommes devenus un nénuphar flétri dans une mare de tristesse.

Dans l’eau, se gravent la tempête et le soleil. Miroir du miroir éternel, l’eau sans reflet n’existe pas et le visage que l’on y recueille n’a pas de vérité. Penché sur la vitre de l’onde, des yeux solitaires rencontrent la figure que nous montrons. Notre propre image, furtive comme l’éclair, n’a pas conscience de ses traits. Nous l’oublions très vite et nous l’abandonnons sur le bord d’une fenêtre.

Devant la glace nous estimons notre image, puis nous l’habillons, nous l’encadrons afin de la livrer aux autres de telle manière qu’ils ne puissent pas souhaiter la fuir à leur tour.

Mais toi, l’absence t’éclaire comme cette transparence lumineuse qui vient mourir dans le fond de tes yeux. Et je ne sais plus désormais te voir autrement que dans la pensée que j’ai de toi. 

Le temps fait son œuvre, doucement. Il oblitère l’absence et le silence au cœur de la tristesse qui se cache pour résister. Elle ne peut pourtant faire front. Le manque est bien plus fort. Et pour t’aimer encore, il me faut noyer l’espoir d’une suite et d’une revanche au sang de la mélancolie à peine endormie. Je dois effacer toute la peur traduite par un impossible retour à notre union première. Je m’invente une colère, une rancœur trop fragile, mais ça ne tient pas la route, très vite ça tangue et ça vacille. Paradoxalement, c’est dans mon cœur que j’imagine le mieux la profondeur de notre désastre indispensable

Puis, je vais oublier, t’effacer délicatement à nouveau, jusqu’à la fois suivante.

 

 

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Commentaires
L
Tu as l’oreille délicate.
S
J''endends sans bruit ce ronronnement...
L
Et peu importe l’écoute. Ce qui est entendu sans bruit ronronne comme la musique de l’eau posée sur un fourneau.
B
et peu importe le temps, tu causes, j'écoute<br /> <br /> c'est beau ce que tu racontes
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