Aimer à l’intérieur de son propre dilemme. (3)
Il faut en finir avec la dissection de nos parures passées. La logique voudrait que plus on pense, plus on défigure les fragments joyeux qui s’étaient naturellement rassemblés dans le paysage derrière nous. Je ne crois pas qu’on puisse ainsi le bouturer avec les cicatrices immortelles. Le temps est à tes genoux comme ces gouttes d’eau qui me rappellent la fraîcheur venue délivrer la poisse des heures brûlantes.
Demain, ce n’est pas un jour de plus ou un autre jour. Demain peut tout aussi bien exister dés à présent. Car, le temps ne vieillit pas, il passe et repasse dans l’horizon comme une envolée soudaine d’oiseaux en quête de nourriture. Toutes les heures peuvent mentir et tricher. Parfois, elles se crèvent comme des bulles de savon sur le hasard qui s’ordonne. Ton visage s’est endormi à l’intérieur d’un rocher. Une luciole illumine la part sombre de mon cœur. Le calcaire s’est déposé sur ton portrait qui me parle. Une poudre blanche durcit les traits multicolores de ta voix close.
A quoi bon repartir maintenant puisque toutes les lampes de mon esprit ont brûlé la neige qui recouvrait tes yeux. Tous les boulons dévissés de mon âme couinent comme une amertume et je suis anéanti par la rouille recouvrant notre balançoire. Le froid et le chaud se rencontrent au bord du silence, et tout se dissipe dans un bouquet de vent. J’ai perdu ton cœur sur la pointe de l’écume. Dans la transparence, une muraille de pacotille me sépare de tes lèvres.
Renoncer aux luttes serait consentir à livrer nos âmes aux faiblesses des capitulations faciles. Alors qu’ici, nous accompagnons seulement le désespoir qui s’entasse dans les champs où vont revivre des coquelicots. Ton sang et le mien, rouge fleurissant, rouge bondissant, se mélangent aux graines qui fécondent la terre. Nous reverdissons. N’oublie pas, nous reverdissons de nos tiges dardées et impudiques. Parce que nous nous accaparons le vertige et le damons de nos espoirs. Nous sommes toujours là, vainqueurs de nos dérisions et de nos sarcasmes.