Aimer à l’intérieur de son propre dilemme. (2)
Comme dans un conte à mille étoiles, j’entends ta voix égratigner le chaudron des potions magiques que nous utilisions enfant comme un porte-voix ; et tu me dis :
Qui ne sait rien du précieux d’une histoire vécue se refuse au jour où s’étoffent les plumes de nos labyrinthes de coton. L’enfance est cette onde fragile qui se balance toujours au dessus des murailles compromettant sa candeur. Notre dépassement ne peut s’accomplir sans la pureté de nos sentiments. Les chansons égarées s’époumonent dés la fraîcheur de l’aube.
L’herbe qui pousse dans notre jardin est pressée comme un citron et le jus récolté, s’il est bu, nous confère le pouvoir de durer au-delà du temps humain. Aimer, c’est boire à l’élixir de la jouvence infinie. C’est guérir les blessures avec l’aide du soleil qui illumine notre coeur. L’amour traduit dignement toutes les fleurs qui sont mortes sur les pentes où les heures ont chuté.
Je suis le résultat d’un méli-mélo de substances organiques entremêlées. Je dois à présent accepter la maturation de mes chairs et convaincre mon esprit de lâcher prise. L’obstination à vouloir ressusciter du passé toute chose aimée est une faiblesse cruelle. Ma quête introspective condamne fatalement l’ardeur que j’ai à te dessiner malgré que tu te sois dérobée. Ce n’est pas le questionnement qui libère, c’est la réponse irrationnelle à laquelle je consens. Les mots qui n’ont pas connu la détergence de l’esprit ne savent pas qu’ils transportent avec eux la peste jusqu’aux corolles de l’éternité.
Je suis corps et âme un événement irrémédiable. Mon cœur soutient des psaumes sauvages nés dans la crédulité du monde. Je te dis une ivresse et tu écoutes la saison ovale où s’assoit ton ivraie. Je ne sais rien. Je ne suis rien. Les mailles de mon corps rétrécissent l’air. Ma voix ne m’appartient pas. Des stries ondulent et je grimpe et je descends comme cet homme chargé d’un tonneau. C’est la métamorphose du corbeau sur ma langue et puis des grives qui s’envolent apeurées par la détonation du tonnerre. J’argumente l’existence du langage qu’elle me prête.