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LA COLLINE AUX CIGALES
30 juillet 2012

Le mot cet autre moi. (3)

5tujd54fLa réalité qui te pleure est un miroir fermé. La fièvre défaille. Charrue en retrait des mots, l’audace tergiverse. L’erreur combattue, la lettre étripée, la langue recollée au plafond, une bouffée de toi évolue dans mes poumons. Un brusque retour de mémoire paralyse les rêves  et tous les mots s’effondrent sur ma langue devenue une muraille de brouillard. Ta liqueur est un combat. Une touffe sombre retient le parfum de l’haleine humide de la nuit. Tes mains reviennent aux heures félines, griffent l’obscurité qui recouvre ta peau. Le noir pèle comme après un coup de soleil. Mille peaux de paupières fines pleuvent sous nos mots. Je vis hors du temps et je te parle dans une sorte de clarté, un ruisseau de lumière arraché à mon cœur. Ton ventre est l’oreiller où je laisse une auréole invisible. Pommettes marbrées, je cours m’allonger sous la lune.

Chaque nuit est un pèlerinage. Je ne m’abandonne à la défaite que lorsque je te touche. Tes yeux sont un hamac où je berce mes illusions. Mon sourire est un édredon percé. Ma passion dessine un tatouage sur les lèvres qui te parlent.

Toute l’existence que nous avons connue ensemble s’écroule tranquillement pour laisser place à ton fantôme qui m’accompagne. Je marche sur ta voix comme transporté par le regain muet de vin et d’ivresse. Une eau en roue libre dégouline de mes ravins.

Entre ta bouche et la mienne, des rails cheminent la voie sans issue. Un mirage laisse entrevoir, au loin, une benne métallique où la folie s’entasse. Rien de ce qui s’échappe de moi ne laisse de trace. Une amande s’enroule au vent qui se vide. Une douce ambiguïté s’éparpille.

Babillage dans la plaine, une bave rouge porte la plume dans la plaie. Jusqu’aux leurres où se réamorcent le murmure des herbes fauchées la veille. Un amour tranchant comme une faux laisse son ombre collée à la poitrine du jour qui se lève. Enrobé d’air et de pollens sucrés, tous les squelettes de l’air réinventent la chair. Ainsi, telle une hirondelle posée sur ma table avec le déjeuner, les mots deviennent des passerelles aériennes et s’envolent comme une fine rosée déposée sur l’éponge du jour à naître.

 

 

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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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