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LA COLLINE AUX CIGALES
21 juillet 2012

La clarté des heures inhibées. (6)

nymphe_au_bord_de_mer

Dis-moi, ma sœur, n’y a t il pas tout à la fois dans l’éloignement et la proximité ce je ne sais quoi de désobéissance à aimer ? Entre nous s’interposent l’absence et le trouble qu’elle éveille. J’essaie de trouver le langage qui traduit la persistance de l’obscurité éclatée sous ma peau. La vie se détache comme une croûte tombe du front des cicatrices. Le sang est hypocrite, il fait mine de combattre la sécheresse. En réalité, il se réfugie sous les pierres, dans le noir qui raye la clarté. L’œil averti ne s’y trompe pas. La misère appartient aux soupçons de l’aveugle et à l’âme des innocents. Le cœur à la bouche, ma révolte s’égrène dans le sac de la misère. Il n’y pas de traces où s’en vont les absents. Pourtant, tu m’as laissé un bouillon d’intentions muettes sur les sentiers perdus de la colline. Seul, le temps sous les arbres comprend l’implacable sentence. L’ombre des mots fatigués dort sous la fontaine.

Je t’ai revue vivante le jour de mon accident. Alors que j’étais allongé sur le bord de la route, tout à côté du « stop » qui a tranché ma jambe et dans un état proche de la mort, tu es venue emmitouflée d’auréoles luminescentes et tu m’as dit : « N’aie pas peur, je suis là. »

Tu étais ce grain de lumière venu de l’éternité pour m’insuffler la force d’être encore vivant aujourd’hui. Tu le sais cette mésaventure m’a considérablement réduit. Aujourd’hui, mes jambes sont ces deux roues que j’articule pour me déplacer. Et surtout, je suis définitivement assis. J’ai donc tout loisir pour regarder le monde à une mi-hauteur et dans la non précipitation de cette terre où tout s’emballe. Bien sûr, je ne te rappelle point cela pour accéder à la complaisance de ton regard. Non. En te disant cela, je m’assure seulement que tu comprennes bien cette nouvelle évidence où fermente ma parole. Et puis, s’il ne me reste qu’une main encore valide, il me plait de l’activer pour t’écrire ma recherche, mon état d’âme et ma démarche. Tu l’auras compris, je m’édifie et je me construis. Je marche sur des chemins à moitié effacés, je me répare des foudres nostalgiques qui m’assaillent. Soumis à la tutelle de mon sang, je marche vers toi pour aller à la vie. L’intervalle qui nous sépare est un point fixe incrusté dans le miroir, une angoisse immobile à laquelle il est impossible de s’accoutumer. Elle est si bruyante que son odeur dépasse l’horizon où les bourrasques s’achèvent. Entends-tu donc résonner ici tout ce brouhaha ininterrompu ?

Tu n’es évidemment plus cette matière animée que je pouvais tâtonner et effleurer comme un corps de terre. Néanmoins, tu es cette chair collée, greffée à la mienne jusqu’au bout du ressenti. Tu vis en moi de ta mort. Oui, ta chute et ta cavalcade dans l’apocalypse trébuchent dans mon sang. Ton deuil noir est devenu ma lumière. Tu vis en moi de la violence parturiente de ta mort. Et cette dernière trépigne en mon domaine comme l’apaisement invraisemblable de mon existence.

 

 

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