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LA COLLINE AUX CIGALES
6 juillet 2012

Saillance. (3)

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Avec patience nous lustrons la pierre où la douleur s’est réfugiée. Une odeur flottante reste clouée à la poussière. L’infini se froisse comme une feuille d’automne. Infini dont je ne sais même pas la stature. Dont je ne sais rien, ni du dépôt de cascades de feu, ni du déséquilibre qui l’accomplit. Tout est trop divisible, trop fissuré. Mais, je pressens qu’il nous faudra dépasser la simple restitution d’un vécu si nous désirons briser l’écho qui nous revient de la colline. La lune est une baïonnette plantée sur la cime des pins. Un oiseau dort sur la plus haute branche. Il nous faut surmonter le silence des voix et boire aux invisibles murmures de l’air.

L’œil posé sur la pierre

                    Se mouille

        Brise-lame immobile

        Dans la transparence de nos êtres 

                    Une ombrelle garde le secret

                    De l’ombre sous sa toile.

Je n’écris pas véritablement ce que je suis. Je pense à des mots et ils plongent aussitôt dans le sang pour y pêcher un message. Dans le tanin de notre brouillard, le désordre a cent ans, l’embarras a mille ans et ta vie jonche un bout de terre où plus personne ne va. C’est un jour que l’on ramasse dans l’herbe. C’est une comédie de fleur et de papillons que l’on découvre sous la ravine. Chaque averse fait déborder ce torrent de couleurs et toute la vallée devient une bonbonnière multicolore. Quelques mots transpirent l’alcool d’une ivresse lointaine. Ils se couchent dans la fourrure des jardins abandonnés. Chaque voyage est un cimetière vivant que je transporte malgré moi. Des ombres et différentes lumières marchent comme des statues emboîtées à l’air qui passe.

Des feuilles brûlent dans la réverbération de nous-mêmes. La terre noircit sur nos fronts. Je suis le noir et tu m’as oublié. Je serre mes lèvres en dehors du silence. Un étau concentre le bruit entre mon orgueil et la prétention de te parler. L’instant m’échappe comme un cheveu d’ange flottant au gré des souffles chauds. Une plume blanche dévisage le noir qui recouvre nos yeux.

Des corolles de givre ont condensé la parole. Le présent se cache, se terre et surtout se tait. Le son que l’air transporte est déformé par le poids qu’il laisse filer entre ses mains. Nos cœurs s’abattent dans le vide comme des rapaces descendent le ciel en fusée. Je suis assis au centre d’un cyclone. Dans le tourbillon, des milliers de visages remontent la spirale. Un madrier tombe. La lumière transvase dans l’œil d’une aiguille. Nos peaux aiguisées tranchent l’embonpoint des nuages. Quelque chose nous dépasse. Nos respirations rampent tout prés du chant du coq. Nos poitrines ne peuvent saisir tout l’espace qui nous touche.

Le jour fait irruption et nos nuques siamoises labourent le squelette des souvenirs. Tous nos gestes s’enroulent autour de l’acte manqué. Les mots que je t’écris parviennent des gestes oubliés que je retrouve au fond de mon être comme des étoffes baignées dans de l’acide. Notre regard n’a plus de cible. Le désert erre de toutes parts. Nous voyons la lame tranchante du temps dans la trouée des mots qui s’effondrent.

 

 

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Commentaires
V
Les mots qui s'effondrent et se redressent pourtant au moindre frisson provoqué par le souvenir des jours heureux...<br /> <br /> Bien à vous B
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