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LA COLLINE AUX CIGALES
16 février 2012

Transfusion.

140463_1038949788_1_450Je marche à côté d’une joie, dans la proximité de quelque chose qui n’est pas moi. Un cheminement vers toi qui ressemble à un contact sans attouchements. Nos foulées communes se déroulent dans le hors champs. Notre mitoyenneté est sans accès direct. Je marche avec la joie prononcée dans l’ombre parallèle. Je la sens tout à côté dans sa buée douce. Je la sens dans son écrin à demi-ouvert comme un sourire charmeur. Mais, je ne peux la toucher. Je ne sais la saisir. C’est une douche d’étincelles qui s’évapore trop vite. Elle s’esquive dés lors qu’on l’approche. Alors, je me résigne à la suivre sans la perdre de vue. L’absence est une compagne platonique où l’étreinte courtisane demeure une transfusion approximative. J’entends ses bavardages et ses rires comme si j’étais le voisin d’une cour d’école durant la récréation des élèves. Je lui tends la main, pourtant. Mais, elle m’échappe à chaque pas qui m’en approche. Le vin de tes yeux provoque une divagation dans mon regard. Le flou augmente la dérision de l’attente. Attendre, t’attendre, c’est forcément croire à la solidité des images. Et, je suis enchaîné aux images. Plus elles sont fugitives, plus elles sont foudroyantes. Mes pupilles sont des jeux de lumière. Je te convoque au bleu de l’émerveillement et tu me réponds d’un jaune pâmé où s’effrite le soleil. Van Gogh peint la paille et les hirondelles s’envolent en dehors du paysage. 

J’avance dans l’argot oublié des paroles, j’ai refermé sans bruit les parfums qui ne craignent pas la chute. Le temps du rêve est création. Le temps de l’amour est la saison du feu où se dénouent les tresses du vent. Je marcher à côté d’une joie, et je chante et je danse pour l’apprivoiser.

Il y a là une étrange atmosphère. Une peau impalpable, des sourires dérobés, une tisane en décoction, des sensations si provocantes qu’elles semblent vraies. Peut-être plus tard, l’union de deux instincts. Peut-être plus tard, la communion des étrangers qui s’entendent et se mêlent. Dans la perte de mes pas, dans une rue transversale. Tout proche de l’endiguement, dans la transposition des rires et des éraflures. Peut-être plus tard.

Dans les plis de la vie que nous avons traversés, des ruelles sinueuses supportant des charges moins lourdes que les nuages. Des raccourcis aussi longs que les cheveux des siècles. Et puis, un instant le support de tes yeux pour éclairer ce qui doit être quitté. Le vent apporte au futur bien des mensonges du sol balayé. Ce qui étaye hier manque à aujourd’hui. Des mansardes chaumées et des chemins de forêt reconduisent à soi. De nous, part et repart une piste sans retour. Un point rouge se déplace jusqu’à l’interruption des murs indifférents au passage du vide. Tu me reconduis à la gelure de moi-même. Je me recouvre de toi.   

Tu m’emportes dans la plume et dans la ouate oublieuse, dans l’évasion de l’étau des âges. J’abdique dans l’intervalle de nos corps épluchés comme des oies gavées pour un faux mariage. Il n’y a pas de dépit sous le ciel maussade. Notre ciel devient une tâche de plus sur nos visages. Le désir aveugle nous a trahi. L’ordre muet des différences ponctue l’espace fidèle. La certitude que rien n’est jamais aussi férocement vrai que l’immédiat tranche l’exaltation qui se moque de notre enthousiasme. Nous sommes prisonniers la béatitude et de l’étonnement. Le monde bouge et la Vie est là.

Terriblement, j’ai perdu tout contact avec la seconde où l’éternité s’incrémente à la respiration. Est-on toujours ce que l’on pense ou fait ?

Un moment, j’ai vécu dégoupillé comme à vif. J’ai traversé un bleu accru où tu n’étais pas. Immatérielle, la terre n’y était pas non plus. J’ai connu l’accident et les sirènes du vide qui appellent. Mon cerveau a parcouru des zones inhabitées. J’ai découvert la mort sans la prendre. Je n’étais pas plus seul que maintenant. J’ai retrouvé la sensation d’enfance qui nous laisse perdu dans l’épaisseur d’un brouillard. J’ai vu cette tâche de lumière plantée dans le noir immense. La couleur n’est venue qu’après. 

De ce qui m’échappe encore, je cherche la porte, je cherche le lieu d’excavation. Et je maugrée de ce qui m’empoigne au sol, me colle au sol, à plat ventre, tête contre la roche ferreuse. Je ronchonne et je râle. Mon emportement m’a fait existé un temps. Mais, je sais bien que ces gesticulations ne sont pas vivre. Tu sais, le blanc dont je te parle m’a recouvert d’apaisement. Rien ne manquait plus. Rien n’était vraiment là, mais tout y était. L’état de recueillement puise une énergie invisible où l’on est son propre interlocuteur, où la matière défit l’improbable forme d’existence.

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Commentaires
B
Merci à chacune d’entre-vous. Un merci plein, gros, entier.<br /> <br /> <br /> <br /> Je crois qu’il est nécessaire d’évincer le double jour qui obstrue la clarté.<br /> <br /> <br /> <br /> Une voix, le corps d’un parfum.<br /> <br /> Volatile, ce qui reste est une impression,<br /> <br /> une sensation, un bien être solide comme la matière. <br /> <br /> La voix fait corps en quelque sorte.<br /> <br /> Elle est l’appendice qui noue la réalité <br /> <br /> à sa plus simple expression.<br /> <br /> Entendre, c’est projeter la dimension de l’autre <br /> <br /> comme on lance une pierre contre un mur.<br /> <br /> L’écho du mur est plus fort, donc il semble plus vrai.<br /> <br /> Sensualité, tu es tout un poème.
M
... ... décidément toujours ici, un coup au coeur, un point au coeur, un coup de coeur sur le bord des lèvres... et puis silence, c'est tellement beau...<br /> <br /> <br /> <br /> merci
N
Tu vois B., je ne sais pas quoi " dire"...<br /> <br /> Tu vois B., je ne sais que lire, revenir et trébucher sur ces mots là...<br /> <br /> L'image qui me vient est un oeuf blanc et transparent, posé au milieu du mouvement de la vie dans l'autour.<br /> <br /> Je ne sais si j'ai trouvé un jour dans tes écrits quelques phrases qui ne m'ont pas touché. Je crois plutôt savoir que j'y ai toujours senti le vent, la tempête, la paix, la colère, la larme et le rire.<br /> <br /> Tu vois, je ne sais pas quoi " dire", je pourrais te dire " mais que c'est beau"...mais c'est plus que ça...
L
Exister et rien d'autre, cela suffit ! Respirer suffit ! Joie, joie ! Joie partout !
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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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