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LA COLLINE AUX CIGALES
17 janvier 2012

Revenir : ne pas partir ?

nahi18_sz3blogUne odeur de pain grillé traverse le matin qui a faim. J’entends le bruit des portes qui s’ouvrent dans le couloir endormi. Des pas de chats sur le carrelage froid remuent l’air sclérosé. Nos visages portent la trace de l’oreiller. Nos yeux légèrement gonflés par le sommeil absorbent les dernières gouttes de la nuit. Nous sommes dans la cuisine. La table indifférente à l’heure reçoit nos corps encore habillés de rêves innocents. Je ne pense à rien, je reproduis des gestes cent fois répétés.  

Quelques regrets à quitter la douce chaleur des draps ruissellent sur mes tempes et m’accompagnent dans le réveil. Les premières lueurs du jour traversent la fenêtre. Le calme apparent nous convient. Tout est apaisé. Et, malgré nos mouvements félins nous déchirons le silence qui défile en dehors des murs.

Et puis, recommencer. Reprendre la route où nous nous sommes arrêtés.

Janvier revenu, mois et années passent devant nous et je reste là sans rien dire. Ferions-nous marche arrière que nos déplacements persisteraient dans l’élan qui se déploie vers devant. Il faut d’abord se résigner à ne plus entretenir les chemins restés loin derrière. Il faut apprendre à tarir doucement les remontées intempestives, les jaillissements de la mémoire qui viennent buter sur nos peaux hermétiques. D’anonymes révoltes remuent nos chairs. Un chaud-froid fait perler nos fronts. Nous devons reprendre la route qui nous a accouplés et ne pas nous retourner. Quelques flatulences viendront encore sonner des rappels expulsés du fond de nos souvenirs. Mais, nous garderons le cœur haut, au-dessus de la mêlée. Nous avancerons. Nous retournerons à la terre et au vent qui jailli de nul part. Le temps détruit nos colères. Le désir n’a pas d’âge. La nuit qui dort au fond de la lumière embaume le présent du parfum d’un fruit mûr. Et, si je ne parviens plus à te toucher, je te respire dans les fines nervures de l’air.

L’écriture traverse les parois de l’ombre abattue au fond d’un songe. L’encre se souvient mieux que quiconque. Elle trace puis relie des lueurs circulant entre nous. A l’intérieur de nos ventres, une pierre crépusculaire renvoie sans interruption l’onde à l’ajour.

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Commentaires
B
On peut s'hydrater en râpant des racines, mais il faut toujours rêver très fort pour que le réel s’en souvienne.
N
C'est la phrase que j'allais relever...je voyais en la lisant deux mains qui s'élevaient pour le porter très haut ce coeur...si haut que ça aurait percé le ciel...laisser en bas ce qui nous empêche de nous envoler souvent...que ces mains trouvent racine en toutes les eaux émouvantes...et que nos têtes fassent jaillir les cascades...
B
En effet, c’est même parfois illusoire que de le supposer.
I
ce n'est pas facile d'apprendre cela, garder le cœur haut au dessus de la mêlée...
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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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