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LA COLLINE AUX CIGALES
8 janvier 2012

Nos visages se décollent.

JosselinComment nommer la solitude demeurant l’écho le plus assourdissant ?

Je ne cesse de négocier avec ta disparition. L’illusion féroce déchiquette le souvenir et lui casse les membres. Ma langue avance avec deux cannes blanches. Les mots marchent dans le tâtonnement provoqué par leur cécité. Mais, ici, tout est un paysage infirme. Tout m’oblige à tenir debout sur la jambe que je n’ai plus. 

Cinq heures du matin, je veille sous la contrainte. Une fois encore la morsure et je n’ai toujours pas d’antidote. La fatigue ouvre la fenêtre et brûle les rideaux. Dehors est une grande cuvette où l’émotion qui glougloute se siphonne par le bas.

Abandonné de l’intérieur de ma chair, je suis l’étranger. Ma propre silhouette flétrie est une errance discursive. Le désespoir n’a aucune mesure avec la sensation de ne plus être soi.

Des cris désarmés s’agglutinent aux ondes devenues des fantoches dérisoires. Ils ignorent leur délinquance. L’espoir bat toujours plus vite que le cœur. Péripéties sans délivrance, l’amour est une épissure extorquée à l’architecture de l’univers. Il ne sera jamais sécuritaire. Son audace est bien trop chavirante.

Notre ralliement est dans l’osmose de l’absence. Nos solos floconneux secouent l’horizon. Nous jaillissons des miroirs où des rafales de clarté font démâter la gigue déglinguée de nos accords brouillons.

Le temps s'est arrêté, il mange à la table des vocalises muettes. Ce matin, la musique déraille de ma voix boutonneuse. Mes cordes vocales sont des stries de lumière incomplète. Nous sommes des journaliers. Des besogneux de l’espérance. Nous ne quitterons pas le vêtement soyeux de nos corps de paroles sans chanter le fracas du mirage qui nous illumine. Mes mains ont besoin de toucher le jour qui fugue. J’aimerais quitter ce bloc d’espérance confiné dans la guêpière des larmes.

Ton amour est un apothicaire sans autre ordonnance que les plantes dépolluantes qui dansent dans ton jardin. Il est le fil dérisoire qui te relie à la vraisemblance d’un monde sans vergogne. Tu ne sais rien de son poison et tu termines toujours tes exactions en soignant les plantes elles-mêmes.

Violines levées dans le brouillard du jour, déjà l’air reflue le velouté d’un frisson qui s’étire dans le chenal offert à l’image. Une larme déposée sur le reflet de l’aube capte pour toi la lueur enroulée aux voix qui te suivent. Le chuchotement de la douce mémoire transpire le fer de ton âme et tu pactises avec la rafale qui t’emporte. 

La campagne endormie conserve sous son manteau tous les murmures arrachés aux verrous des portes. Nos visages se décollent et nos bouches peuvent se toucher.

Sous le bois rafraîchi, nous tentons l’exode. Nos voix retouchent toujours plus loin l’atmosphère des foudres anciennes. Des mirages cloués à nos corps entretiennent une poésie saisonnière restée en dehors du temps. Nos plaies sont de l’eau et de l’air conjugués. Il devient nécessaire de saisir in extenso la joie dans la veine jugulaire où s’écoule la plénitude qui lui donne le goût de l’enchantement.  

Toute une vie s’endort dans nos silences. La salive du temps secrète en catimini l’histoire noyée au fond de nos cœurs.

 

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