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LA COLLINE AUX CIGALES
3 novembre 2011

Nos souffles sont restés dans l’abandon.

imagesCA7WOU8SToujours des mailles et des boucles fripées dans les cicatrices du temps. Nos souffles figés demeurent dans l’histoire abandonnée aux jours sans fin. Ce qui revient toucher la tendresse aux frises d’un baiser raconte un frisson oublié.

Le feu sous la peau commence par une étincelle. Un foyer de tendresse éclaircit l’air tenu en échec au-dessus du vent.

L’amour a deux mains. L’une pour t’écrire la douceur sous mes paupières, l’autre pour bercer la chambre du marais où tu dors.

Nos courbes muettes dévisagent la rondeur des vagues ondulant sur le champ de blé où nous avons joué à cache-cache.

Tout est blotti comme un enfant abandonné sur la toile d’un tableau. Rien ne bouge, et pourtant tout est vivant. Le temps fraude à la présence lointaine. Ton visage à demi effacé berne la mémoire. Ton fantôme ressuscité accomplit des gestes anonymes.

De l’eau mal tendue cogne à la fenêtre. Dehors, le cri du loup aveugle la nuit.

Brindilles suspendues, enroulées à l’aube reconstruite et puis le plouf de l’eau que les poissons jettent hors des courants. Nos cœurs nettoient la transparence. Le givre retient dans sa barbe la parole du miracle du monde.

Brindilles vivantes sur le tapis qui s’envole, parcelle d’éternité imprécise raclant sous l’heure morte l’incendie d’une ombre tremblante.

C’est une chanson d’eau tiède ramenée sur nos langues. Nos sources ruissellent sous la terre balbutiant des rappels mélancoliques, des bribes incurvées à nos chemins de poussière.

Il existe bien une tendresse où nos silences ont dansés, un torrent où notre argile a trempé. Tu flânes sur la rosée du matin où pour toi j’ai déchaussé la lune. Nous marchons pieds nus sur des traces invisibles. Dans le roulement des crécelles nos vieux os retentissent comme des volets claquent sous le vent notre bruit refoulé.

Nous sommes nés dans la crèche de nos sanglots, entre l’agneau orphelin et l’âne solitaire. Ce qui s’inscrit dans la paume de nos mains dépasse les lignes creusées.

Je bois à l’œil qui me regarde espérant l’inonder de ta présence. Je ne peux ignorer plus longtemps l’air qui anime le feu. Et, je brûle doucement dans la flamme que je récolte.

Dans le moment présent, gestes et paroles confuses. De la mémoire et de l’amour, qui accompagne l’autre ?

Dure un instant ce qui est, goutte d’eau dans l’océan. Passe le temps, passe la vie, l’heure qui nous ressemble se colle à nos tempes.  

J’apprends à te parler en dehors de l’étau des voix, dans l’ecchymose des mots, dans l’orage de la salive de mes grondements, de mes grognements. Dans ce gisement de songes où ton sépulcre est un nid de poudre brillante. Ta mort nous a quittée. Elle a survolé l’opulence du chagrin, elle a pelotonné la brèche houleuse où s’écharpent les plaintes viscérales, la maille de vie où se tricote les ruines bêchées aux miracles de l’amour.

Nous sommes unis de tout ce que nous avons abandonné. Nous sommes liés de nos déserrances, de nos inassouvissements, de nos débordements à faire jaillir les transes rebelles, engouffrées dans la confusion de nos naufrages, dans le froissement de nos vies.

Complices, plaies vives et plaies séchées, brocardent nos sangs dégénérés devenus des croûtes où s’est inséré le venin du chaos. Nous cicatrisons dans l’expansion fiévreuse de l’évanouissement des rigueurs sinistres. La mémoire se présente ici comme une véritable tombe vivante où chaque gisement peut être réactivé par l’émoi qui nous traverse.

Une goulée d’amour donne à la soif toute sa démesure. Ici, ce qui prend du sens offre à la dérision les routes constellées d’étoiles. Et, derrière chaque lueur une étoffe d’ombres couvre le souvenir d’une castration. Nous nous construisons de nos pertes.

La vie qui a abdiqué reflue des pores du temps partout où le sacrement de l’amour n’a pas encore posé sa couronne. La mémoire déjoue les heures extirpées de l’horloge. Tout peut redevenir du présent et faire basculer l’immédiat au cœur même de sa naïveté.

Négligemment, nous fléchissons de cette déréliction et le délaissement renouvelle la fraternité de nos émotions. Il n’y a plus d’obstacles à franchir, nous occupons la forme ouatée du renoncement comme se diffuse la musique privilégiée de nos âmes. 

L’amour est cette terre d’aveux où nos ombres rencontrent la lumière, où nos silences plongent dans l’arc-en-ciel de nos êtres. Une cordelière d’étoiles rejoint l’horizon à l’intérieur de ma poitrine. Le souffle lent, le souffle court, ce qui était immergé dans la rétention des heures invisibles se déploie à l’azur agrandi. Tout est paisible comme un champ de coquelicots dépoussiéré par les bouffées tièdes de ta respiration.  

Nos corps hier encore amputés de sens sont désormais à la défriche de la cadence. Le nouveau rythme des heures et des lumières. Nos lèvres sont de simples bateaux flottant au-dessus du théâtre de nos existences.

Mon cœur, cet entonnoir de clarté, plonge dans la profondeur du blanc. Le silence ajoute à son épaisseur de ouate le grincement de l’immobilité. J’ouvre le livre sans pages et sans mots. La résine tombe de mes doigts. La proximité du vide laisse un écho troublant sur le coin de mes yeux. Je me quitte de moi-même, je viens me livrer.

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Commentaires
B
Merci, Maria. Ta douce sensibilité me fait briller comme "beau comme un camion tout neuf".
M
Vous êtes poète à fleur de peau, à coeur d'âme, et c'est beau et c'est bon et c'est chaud<br /> J'aime ce texte à teinte coquelicot.<br /> c'est très beau, terriblement beau.<br /> <br /> merci
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