Mistral toilé de nos coeurs.
Je marche sur le vent. Il colporte les sons opaques et tire la langue. Son bras large et velouté réinvente l’exil, réinvente l’amour. Nos épaules brassées, nos poumons sevrés, nous marchons sur la ride du jour qui nous emporte. Je ne parlerai pas, je ne discuterai plus. Je serai le silence des foudres où se régénère la pluie des mots. L’ombre sera avalée par la bouche marchante.
Je parle seulement à la lumière qui feinte mes saignées assombries. Ni derrière, ni devant, le message des anges décèle les nuages, détache l’aube venante. Je sèche sur place. Le vent est sans patrie.
J’appartiens au temps qui passe. Et, je te dénonce parmi les étincelles. La parole est un cuivre doux qui prend la forme du ruisseau où coule le sommeil du baiser. La nuit est un relent. La nuit s’engouffre dans mes veines puis s’éclate comme un bourgeon chargé de résine.
J’avance et je recule. Sous la chair abandonnée l’écharde de tes yeux retrousse la peau d’où s’élève un frisson grondant jusqu’aux pluies de météores. L’espace est bleu du vide que tu occupes. Une légère dentelle blanche danse comme une méduse des fonds marins.