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LA COLLINE AUX CIGALES
14 mai 2011

Le jour perdait son sommeil dans nos yeux.

femme_nue_au_ta111bouretLorsque je me tais, je sais toute l’eau qui suit la pensée qui s’efface. Je sais le bruit qui continue à crier dans ma bouche. Du feu mal éteint, je sais la fumée que j’avale. Toi, disparue dans l’amour qui me possède, je sais la nuit qui se contrit et le jour qui se disperse. 

Je suis resté blotti dans tes yeux, et je suis parti avec toi. La plaie ne saigne plus, elle plait à mon palais qui la goûte comme une goutte de rosée. Il y avait des cailloux qui roulaient sans mon regard. Il y avait un sens pour la durée et un autre pour les secrets préservés dans le sillage des navires. Il y avait nous et le frémissement des souffles de l’aurore. Le jour perdait son sommeil dans nos yeux. Et puis, le murmure des roseaux, et puis le jardin d’étoiles où je te reconnaissais.



J’écoute ma propre voix qui me parle et c’est le forçat de mes enfers terrestres qui me raconte les piétinements du silence inhumain où tu te caches. Tout me semble en désaccord, mon désir et ma folie, ma rage et la lame aiguisée des regrets. Il me faudra une poulie pour remonter de mon gosier le printemps qui voudrait fleurir. Je te veille depuis si longtemps, qu’il faudra forer les ombres qui dorment pour retrouver le premier jour.

Dans l’écho le transfuge s’est engouffré. Les citernes à mazout brûlent la matière. Et le vide occupe un être sans nom. Le seul espace qui bouge encore, c’est ma pensée. Et, elle flirte les lèvres du renoncement. Tu es restée là comme une momie et je te voulais sirène sur le chemin de mes doigts. Je te compte : un, deux, trois… et c’est colin-maillard qui a raison de moi.

Dévastateur doucement… L’amour : une arche ? On se croit arbre, on n`est que reflet de feuilles et d’ombres. Une chiffonnade narcissique plonge dans l’œil qui regarde.

Ta mer est à l’autre bord du jour. La rive d’en face pleure des galets. Un tapis de mémoire recouvre ta langue. Tu ne dis rien. Les vagues ont pris ta voix. Elle claque à l’horizon et clapote le ciel.

Lumière propice à l’effondrement… Un sursaut saute les haies. La paille dans tes mains, le noir s’essuie sur le coin de tes yeux. Un instant savoure la traversée. Une vague plus forte éclabousse le tablier, des gouttes de flammes embrassent mon regard solitaire.



J’ai traversé la montagne pour connaître ta plaine. Un voyage imaginaire sous les eaux tropicales. Des arbres et des fougères, de la mousse verte sur les genoux de ma soif où la forêt devient un sablier de grains jaunis. Une saignée dans la roche devenue bouche. Et puis tes lèvres comme un bateau où flotte l’éternité. 

Regarde, traduire le goût de tes lèvres oblige le verbe à simuler pour définir pleinement la joie profonde qui monte d’on ne sait où. De cet ailleurs qui nous hisse comme des cordes tendues. Il se meut dans la discrétion, funambule assermenté de nos cauchemars et de nos rires. Ici, une touche, juste une vibration indicible, un souffle de trois fois rien. Tout de toi est invisible. Tu es dans l’éclair, dans la futaille rageuse des pensées glauques, et dans la pluie douce des sourires qui se moquent des apparences. Invisible aussi l’onde légère qui accompagne le ruisseau de mon cœur où se dessine ton visage à mille reliefs et à mille refrains. Ta voix danse à l’intérieur de ma peau, et les déguisements dont je m’affuble défilent tous seuls dans les veines du temps. 



Sous la paupière, le rêve décoiffant… La parole ne dit rien de la langue du cœur, où si peu. Alors, elle s’invente sans relâche pour semer des graines d’espérance dans le corps des raisons. Là où germine l’inconscience des laves qui figent nos fruits et nos cueillettes. Nous ne sommes pas fait l’un pour l’autre, nous sommes l’un dans l’autre à la découverte d’un espace non franchi.  où se retrouvent nos balbutiements à essayer de se guérir d’une plaie à jamais béante. L’amour et le mot coexistent dans une tourmente où se rassemblent nos langueurs et nos faiblesses. Elles gravitent ensuite dans une forme d’insignifiance propre à nous déshériter, dans une figure géométrique dont on a perdu la formule et dont le temps accompli sa déformation.

Nous voilà délogés de nos fondations sonores où se dépècent nos sources dans le miroir d’une langue. 



La nuit et le jour se parachèvent mutuellement pour laisser supposer au rythme du temps que c’est lui qui donne le tempo. Or, nos tressaillements jazzent comme des lilliputiens qu’aucune loupe ne saurait mettre à nu. Notre danse est le flottement de la perspective de l’indéfectible renoncement. Car, il nous faut abdiquer si nous désirons offrir le miel de nos haleines. Il nous faut capituler à la grandeur qui nous élève hors de nous comme un végétal à la poursuite du soleil. Des cils poussent sur le regard du monde et nos yeux épousent l’invisible.

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Commentaires
N
L'homme marche...<br /> De couloirs en couloirs, de portes en portes, de lumière en lumière...chaque porte franchie , passée, et l'aveuglement et l'obscurité...<br /> L'homme porte en ses entrailles ce qu'il ne peut laisser hors de lui, tout au plus parfois s'allège t'il, puis...il recommence, reprend son fardeau, et ré-invente...oui, toujours ré-inventer B.
B
Plus que nos croisées humaines, l’ombre qui nous échappe emporte avec elle l’éternité que nous avons touchée. Le jour gesticule dans nos entrailles. Nous donnons éperdument. L’enclume provient de ce que nous recevons. Il n’y a plus rien à retenir dans le présent qui ne se soit déjà effondré. <br /> Réinventons !
N
Alors je me tais en écrivant...<br /> Merci B. pour ces mots qui poudroient là où le soleil se couche...<br /> <br /> J'ai ce même doute que toi depuis très longtemps...<br /> J'ai je crois cette perception accrue que je ne suis que passage...que je rêve souvent au milieu du chaos qu'est ce monde dans lequel j'ai été projetée un jour sans rien en demander...<br /> <br /> Puis la vie, à laquelle je bois...<br /> <br /> L'absence est bavarde oui, mais si intimement bavarde...nous pourrions croiser mille humains en une heure que personne ne pourrait se rendre compte du bruit qui gît en nous...<br /> <br /> Très beau week end à toi B.
B
Nath :<br /> Amour et bonheur : la mort à nos trousses.<br /> <br /> "Ma vie s’éternise dans un regard. Mes yeux se blessent à l’éternité des tiens. Une enveloppe de papier blanc renferme ta douleur. Tes derniers mots ont été écrits. Ton dernier vœu débordait de rage amoureuse. <br /> L’amour est le plus grand que le désir. La bonne parole voudrait que l’on aime l’autre pour l’accompagner vers sa joie et son bonheur. Mais peut-on vraiment trouver son bonheur dans celui de l’autre ?<br /> L’amour qui n’a pas de règles s’apprend néanmoins. Il nécessite l’adaptation de son cœur, de son événement, de son manque, à celui de l’autre."<br /> <br /> <br /> L’absence n’est pas muette. Tant d’odeurs traversent encore les orangeraies. Le silence traverse les pages blanches. C’est la clarté des filtres, c’est l’inaudible transgressant la frontière du discours vain. Parce que tout l’inachevé jaillit, parce que toutes nos peurs nous invitent à rassembler. <br /> Lorsqu'on aime sincèrement, on va chercher à l'intérieur de la vie une source de connaissance. Une ressaisie de la nature profonde qui éclot en nous. Et puis, l’instinct viole les lois, enfreint les interdits, bafoue les règles sociétales. Il ne se prononce pas à voix haute, mais indique, guide, accompagne.<br /> Il n’y a pas de sens véritable ni à la vie, ni à l’amour. Il y a soi et le reste du monde qui s’écroule (souvent sur nos pieds, à l’intérieur de nous-mêmes). Notre ferveur puisse à l’immensité la petite part qui nous ressemble. Mais chaque fois que l’on se voit de trop prés, on s’évade, on s’enfuit, on s’entache d’abnégations vertueuses. On reflue de l’introspection, et l’on va chercher dans les étoiles la part de lumière manquante. <br /> Et cependant, la lumière qui ne s’accouple pas à l’ombre ne sait rien de l’éclat !<br /> <br /> Il nous faudrait quitter nos natures pour nous extraire du chaos. Il faudrait se défroquer de l’abstinence qui creuse nos ventres. Mais, nous sommes des accidents. Des carambolages du hasard. Des outres vides errantes. <br /> Nos imaginaires savent faire évoluer le vivant hors des contraintes de la nature. Le rêve est un temps gagné sur l'existence. Mais, je doute que nous puissions savoir le pourquoi de notre présence dans un tel monde. Alors, je me tais en écrivant.
N
B.<br /> Je ne sais pourquoi, ou je ne le sais que trop bien, tes derniers textes m'entraînent aux plaines du silence...<br /> <br /> L'absence...<br /> Rime comme c'est presque étrange avec silence.<br /> <br /> Et d'un silence qui nous habite, se dressent , un peu ébouriffées par de longues nuits de questions, des roses transparentes...<br /> Le silence devient tonnelle<br /> L'absence y prend racine<br /> Germe alors l'écrit-parole<br /> Et un vent dressé<br /> Et une fontaine à oiseaux...<br /> Parcequ'il faut prendre soin de nos oiseaux...<br /> <br /> Beau week end B.<br /> <br /> Nath
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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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