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LA COLLINE AUX CIGALES
6 avril 2011

Avant nous la solitude était une espérance.

FRANOI_11

Une terre prête pour nous, laisse filer le temps. Jadis, un été, un printemps et aujourd’hui des bouches assaillies de providence. Tous les déserts ont connu la mer, et toutes les mers ont connu la présence de l’univers. Notre cœur connaît le séisme bien après la secousse. Le tremblement est occulte. Pourtant, nos voix sont des auréoles qui ne sèchent pas. J’en ai fini de la soie qui ne se souvient pas du mûrier, du papillon qui s’envole de la chenille. J’en ai terminé de l’approximation qui chante sans rien connaître de la musique. Tout s’est vidé dans l’explosion des rigueurs plénières aux victimes anonymes. Tu es là, et l’égout se vide. Tu es vivante de mes songes et c’est l’utopie qui charpente les clameurs tombées à terre sur des arbres fendus. Toute la folie de la narration écervelée se comprime en un point de non retour. L’absence est le décor d’un décor, tes yeux sont Montmartre les soirs sans café-théâtre et sans portraits dessinés à la hâte. Juste une bute et des étoiles. Juste des étoiles et des rivières inventées. La souveraineté de l’obscur nous rend invincibles. Nous sommes l’amont sur la face du désastre, nous accédons à la liberté sans révolte et nous massacrons le silence par le sacrifice de nos déconvenues. Nous sommes intimes de nos arbitraires dignités à comparaître de nos seules actualités. Tu es là, victime de mes efforts, et tu te résous à la finalité de la nature humaine : tu subis.

Tu t’étouffes de ce que tu ne saurais dire et nous parlons à la raison qui déraille… La conscience devient une solitude. Une île sans capitaine, un voilier démâté, un dauphin reprisant la mer perdue.

Comment prendre la parole lorsque tout est un mutisme rempli d’absence ?

   

Avant nous, des millénaires se sont brassés. Avant nous, la détresse pliait les rêves dans les mouchoirs biologiques de la rémanence. En filigrane, l’horizon laissait entrevoir la révolte de la matière. Avant nous la solitude était une espérance. Un péril furieux broyant la multitude dans la bassine débordante d’ego, d’altruisme et de philanthropie.

Nos vies se vident comme des mamelles périssables. Assoiffés de douceur blanche, nous soutirons sans compter. Nous mangeons notre pain blanc comme des affamés. Nos nécessités font foi. Et le monde nous regarde sans comprendre pourquoi nous agissons ainsi.

Nous avions oublié d’être mortel. Nous avions oublié la résurgence indomptable du sentiment. Nous ne savons pas juger du parti pris des choses. L’habitude est une force violente de la contrainte. L’imaginaire, pourtant invincible, crapote. Il accepte quelquefois le liturgique, l’assainissement incoercible de la création fade, plate et sans projet d’immanence. Nous sommes moulés et marqués par le désordre de nos gènes que nous espérons humaniser. La raison supérieure de la mort nous badigeonne du tremblement des peurs souterraines. Nous ne pouvons plus nous libérer autrement que par la folie.

Nos exigences sont nos seules forces. Le désastre ne s’explique pas. Il nécrose le devenir qui se refuse à anéantir la mémoire des heures complaisantes.

Nous nous sommes déterminés à être de l’amour. Nous ne savons plus faire abstraction de qui nous sommes et cela nous sabre comme une bouteille de champagne ouverte à l’occasion d’une naissance. Vivants, nous pensons la mort. Et, nous pensons trop. Le dépouillement de nos âmes n’a pas besoin de la rigueur. L’amour demeure une main ouverte vers le haut, une main tendue à notre émancipation. Nous sommes interminables de nos voix exilées. La rupture détruit ce qu’elle a connu, et non l’espoir suscité avant la séparation. Il faut laisser venir à nous la parole ramificatrice de l’incendie d’où nous venons. L’eau et le feu savent conjuguer l’astre errant et l’espérance dévastatrice. 

L’amour taille la nuit à sa juste mesure. L’étreinte va à la rencontre. La rencontre délivre. Nous sommes un crépuscule qui s’éclipse dans le cri du monde.

Dans la ruine rôde un avenir déglingué, fatigué de cet univers qui penche. Nos terres sont le testament du devenir à emmailler à nos estimes. Tu entends avec moi cette décadence des danses, ce décapitage des rythmes antérieurs à la chute de nos premiers regards, cette dégringolade des lampions accrochés au vertige usé, cette dégénération maudite du cancer du monde. A bout de souffle qu’allons-nous retrouver, qu’allons-nous retenir des candides beautés de la mâture qui soulève nos obscurités ?

L’amour qui attend réciprocité ne sait pas toujours la suprématie du sien.

Certains y voient la servitude, d’autres y perçoivent l’épanouissement. Mais qui peut prétendre s’en défaire sans rien briser ?

L’odeur de l’angoisse rejoint l’accablement. A la mort comme à la vie, aux tempes du miroir de nos existences, les ciels de jachère deviennent la chair de nos étourdissements. Et, lorsqu’il n’y a plus de peau sur nos squelettes blancs, l’histoire est un événement qui court sur nos pertes. L’histoire est le fondement de la dérision. Trop et pas assez lynchent nos humilités et nous exultons seulement le découragement tramé à nos ombres.

 

Nous avons beau dire, nous sommes du -senti- sur deux pattes. Nos émotions ont les dents usées par la truculence, nos appréciations gustatives sont élimées par l’habitude que nous avons à vivre le beau sans plus s’en rendre compte. La joie engloutie au fond de nos gorges profondes, la bonté filtrée par nos poumons, nos délires enfoncés dans nos ventres. Nos fruits couvés par la joie, le rire dort dans le silence retrouvé. Taisons un peu nos secrets, veux-tu. Ne les réveillons pas sitôt. Laissons-les à leurs tâches ingrates, à leurs volontés futiles de se dévoiler à nos inconscients. Et, puis, leurs yeux seraient de toute façon trop embrumés pour savoir de quoi il s’agit. Maintenant, nos joues se gonflent de rouge écarlate et nos chuchotements ressemblent à des charades conspiratrices. Des fantômes nus traversent nos peaux. Une timide chorale de cristal chante sous nos doigts caresseurs. Il fait jour dans nos yeux fermés.

Nous avons beau faire, nos tunnels ivres de solitude séparent l’invisible saillance de nos enfances et les habillent du visage de la vie immédiate. Nos farandoles s’exécutent sur le rebord de la fenêtre et nos corps s’enferment dans le miroir sans fond. Un homme libre en vaut deux sur la corde d’un funambule. Nos vies sont à la brocante comme des assiettes de faïence ébréchée. On s’émerveille d’un rien et l’on tombe d’un tout. Nos présences sont chastes alors que le baiser de nos absences nous brûle de toutes parts. Va donc voir dans ma mort future si le coquelicot y pousse toujours au printemps. Souviens-toi, il faisait beau, il faisait tendre et nos ombrelles croulaient sous les cailloux. L’enchaînement des jours enveloppe nos forces et nous les rendra à la saint Glinglin, un jour de Noël parmi les jours de semaine. Un jour d’amour où tu me montreras le fond de ton cœur.

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Commentaires
B
Sedna : dans mon cœur pousse le vent et crécelle bât au rythme de son souffle.<br /> <br /> Jobougon : l’orfèvrerie n’est pas mon fort. Tu l’auras deviné mon calendrier s’est révolutionné d’un tour.
J
La saint Glinglin se fête le 31 février et uniquement les années bissextiles.<br /> Noël un dimanche de décembre cette année pourrait bien tomber en juillet, enfin, je crois.<br /> Mon calendrier a la précision de l'âme du peintre maudit. Le décapitage des regards.<br /> Et pourtant, c'est loin d'être un désert. Il compte jusqu'à presque 365 saints.<br /> J'aime ce mutisme dont tu fais preuve.<br /> Amitiés d'internaute assidue
S
Dans le fond de nos coeurs poussent les coquelicots que le vent d'hiver s'empresse de dévêtir et le jupon rouge virevolte dans le ciel des souvenirs..
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