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LA COLLINE AUX CIGALES
20 mars 2011

-- R018 --

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Tu sais, les mots me travaillent autant qu’ils intercèdent à mon esprit. Davantage même puisqu’ils triturent l’organisation cathartique de ma pensée ainsi que le factice minoratif des purges qui l’accompagne. Donner la parole aux mots, c’est en quelque sorte accepter de  l’inaccompli son aliénation à vouloir nous faire comparaître devant le tribunal de notre conscience. Cette soif abondante et incontrôlable à vouloir absolument savoir ce qui se serait déroulé si… Ce morbide conditionnel qui remet en cause les choix que nous n’avons pas désignés : « Et si, j’avais fait… » « Et si, nous avions été… » Toutes ces hypothèses informulées viennent encore longtemps après surenchérir le sentiment de culpabilité en nous mordant comme un chien enragé. Tous ces mouvements altérés par l’atonie de la stupeur et du choc émotionnel se manifestent toujours, presque imperceptiblement, et persistent à déjouer la réalité de ses entraves naturelles. Ils se sont tus là où ils auraient dû parler, et ils parlent là où ils devraient se taire. Alors comment te dire maintenant l’asphyxie qu’ils provoquent ?

Tu sais bien que je veux te parler, ici, de la parole poétique et inacessible, celle qui vient se nicher au cœur même de notre désolation à ne savoir exprimer avec exactitude la source qui les a enfantée. Celle qui porte en elle le hurlement qui n’a pas trouvé d’issue, le cri des organes du dedans restés compressés sans jamais pouvoir se relâcher. Celle qui s’émacie et se tasse dans une cocotte-minute bouillante que l’on n’entend pourtant jamais siffler. 

Une plus grande aisance à me faufiler dans l’improvisation donnerait peut-être davantage de respiration et de tonalité à la perte que tu représentes.

Nos voix clignent des paupières comme des lumières d’ambulance. Nos souffles s’enveloppent dans nos cellules et nous survivons.

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Commentaires
B
C'est la parole qui voyage...<br /> Merci pour elle. vous lui accordez la découverte d'autres lieux.
R
Votre texte ( un extrait, qui renvoit à votre article fait maintenant partie de écrits et cris ) : plus précisément: http://re-ecrit.blogspot.com/2011/05/la-parole-poetique-et-inaccessible-de.html<br /> <br /> bien à vous
N
Je ne crois pas y être allée "fort"...<br /> Que tu ne sois pas dupe de ce que tu es prouve je pense une humilité qui fleure bon...<br /> <br /> Il y a donc une place toute prête sur la petite étagère des lumières, tu y seras bien, ton livre à venir y sera à sa place...<br /> <br /> Si mes mots de temps à autre te portent à la légèreté , tu m'en vois touchée...<br /> Alors enlégère-toi encore ...
B
Chaque trace laissée est un partage de plus. Et, je suis chaque fois ému.<br /> Le livre est en maturation… finale.<br /> Je comprends que les mots réunis puissent absorber, néanmoins, tu y vas fort dans ta comparaison. Je te rappelle que je ne suis que moi, soit une matière enrouée de mémoire, engluée de pastiche et de défectuosités. Même si j’adore lire ton commentaire, je ne suis pas dupe de celui que je suis. Merci de me faire briller ainsi. Te lisant ce matin, je me sens léger.
N
Nous survivons...oui<br /> Je crois que c'est exactement ainsi à un moment de la vie ...je ne peux m'empêcher de laisser une petite trace de mon passage en lecture...mais quand même , je devrais m'abstenir et lire en silence...mais je ne sais pas comment expliquer ce qui est somme toute inexplicable...lire ici, chez toi, ça déroule des tapis d'émotions intenses, au creux même de la poésie j'ai l'impression d'être, pas toujours tranquille , comme quand je lis un livre qui me brûle les doigts...je veux y revenir souvent, je redécouvre une phrase, un mot que je n'avais pas lus...je dirais, et j'ai vu que tu l'avais en coup au coeur, c'est pareil qu'avec un livre de Monsieur BOBIN, je les ai lus dix fois si ce n'est plus et à chaque fois je découvre parfois juste la lumière d'une phrase qui m'avait échappée...alors, voilà mes impressions: c'est lumineux...et c'est sincère et sans ambages...c'est ainsi...tu aurais fait un livre, j'aurais fait comme avec C.BOBIN, j'aurais cherché l'adresse et j'aurais écrit cette lumière reçue en plein coeur...l'avantage du net est sûrement celui-ci, la capacité d'un contact virtuel, mais contact quand même ( euh, sans rien chercher d'autre je précise tout de même, rires...)...c'est avec une vraie sympathie que je t'envoie ces mots, une réelle sympathie toute simple...
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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