-- R016 --
Un bout de toi comme une présence goûteuse et précieuse… Quelques pelures d’émotions se déposent sur l’aiguille fragile du temps. Là où l’évidence avait cru s’épuiser, tes mains de fée ont déposé des caresses bistre où perdure le toucher, et leurs douceurs tracent encore des frissons sur ma peau déshéritée. La nuit transforme tes yeux en deux étoiles qui tournent autour de Vénus, aimantées à la phosphorescence de mes rêves. Tes lèvres, locataires de l’insurrection des mots, s’engouffrent dans les failles ouvertes que les pores de la parole accueillent comme des soleils guerriers.
Un bout de toi marche encore sous ma peau comme une blessure dépossédée, et tu t’improvises danseuse dans mon terreau de désirs accumulés, dans le serment dévasté et dévêtu des paroles déficelées. Notre destin s’illumine peu à peu en substituant le pluriel des grappes de raisin au singulier du grain gorgé du jus noir prêt à éclater. Et, il ne reste plus que toi dans mon caveau voûté qui me sert de cachette.