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LA COLLINE AUX CIGALES
18 février 2011

Précipitation.

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Ce n’était qu’un matin de plus

à courtiser l’ombre des jachères

où la caresse du jour

tombe au fond de la voix.      

          Toute lumière éteinte,

le noir perd sa couleur,

et tes yeux deviennent immenses

comme l’invisible s’étale.       

Quelque chose s’est perdue.

Quelque chose…

Un choix, une stance,

l’ampleur du silence.

Mais, rien n’a changé.

Deux bouts de rien,

debout tu viens,

sur le fil du vide.                     

Ta chair est une étoffe

que mangent

les fourmis du soleil,

et, cela chatouille.

Je ne sais toujours pas, encore à ce jour, les raisons qui activent mon gouvernail vers un idéal d’indépendance qui t’englobe. Je ne sais pas, non plus, ce qui arbitre la loyauté et la fidélité à nous survivre les uns les autres. L’enfance succédant à la mort, ou inversement. Le chemin en forme de couronne se parcourt de bout en bout sans que nous chutions hors des éclairs qui nous portent. La foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit.

Que m’importe les causes, elles sont trop nombreuses. Que m’importe l’alignement des pierres tombales et les allées qui se croisent à n’en plus finir, à se perdre dans un dédale de silence poisseux. Ma conscience de vivre n’est pas plus élevée que celle de te survivre. On n’en finit pas de mourir, autrement que de revivre par l’intermédiaire des vivants qui nous déterrent par leurs pensées, leur affection, leur amour. Tu n’es plus là, et pourtant, tu occupes mes lames d’horizon comme une comédie juteuse qui n’aurait jamais dû avoir lieu, comme une réalité fracassante destituant tes ombres pour les faire renaître dans la flamboyance déterminée à ne pas te perdre complètement, entièrement. Tu es encore là dans ce sentiment toujours actif qui t’anime et te réanime. Malgré tout. Malgré moi.

- Va-t-en Satan, t’es mort !… (Reviens vite, ne va pas trop loin…).

Interjection que nous formulions enfant lorsque nous faisions, en jouant, un pistolet de nos doigts : « T’es mort ! T’es plus là ! ». Et puis, je me souviens, la comédie d’être continuait son chemin, le rêve prenant à mains ouvertes la suite de nos illusions et de nos supercheries. A nous couper la vie par instant, par pur jeu, par délicatesse à nous concevoir dans l’indéterminé convenable de nos désirs et de nos satisfactions immédiates, nous dupions volontairement le poids d’un réel exténuant de son expérience lascive.

Tu vois, tu n’as pas fini d’être vivante. Ici et maintenant, je t’imagine encore de tes sourires, de tes plaintes murmurées, de tes manifestations à exister par delà les bouffées légères du monde. Parce que tu es enterrée sous ma peau. Parce que je suis ton plus grand cimetière. Je suis cette baie ouverte où perdurent tes sanglots et tes frissons dans le miroir de mon ancienne image. Tu sais, il n’y a d’éternité que le souvenir que l’on en a. Tout le reste n’est que spéculation.

Nos galères flottent plus hauts, au-delà du simple et banal océan de nos besoins, au-delà de nos assujettissements à la contention de nos êtres, et à la véhémence de nos troubles. Elles voguent de cœur en cœur, d’amour en amour, jusqu’au précipice définitif de l’oubli. Le désir succombe toujours à la joie qu’il procure. Et avec le temps, la joie succombe à la nostalgie surannée et la souffrance devient une astreinte, un reliquat de tristesse ineffaçable portant l’auréole de nos sentiments. L’amour c’est la prévalence de l’émotion sur la pensée. C’est le désespoir coloré à la couleur rouge de nos sources. C’est une embuscade à la raison où pleut le déluge de nos propres rétentions.

On ne pourra jamais savoir qui du feu ou de la flamme a le plus d’importance, de créativité, et de salut.

Mais, regarde, la mort n’a rien pris, n’a rien ôter. Tout mon être disponible t’a rejoint depuis toujours. Davantage, même, puisque je suis survenu dans ta jeune vie, à l’âge où tu barbotais encore dans les scories d’une enfance déjà flétrie par la difficulté à admettre qu’il puisse exister une parole plus haute et plus décapante que nos misérables onctions à comparaître entre le monde et soi, entre le monde gourmand de la Nature et, nous, petits humains censés la représenter dans sa forme la plus élevée.

L’oeuvre de la raison humaine ne peut pas raconter la mort sans la faire intercéder en faveur du néant. Elle l’accoutre d’une pensée affirmative, scientifique, corroborant que tout ce qui est empiriquement inanimé est irrémédiablement sans vie. Or, la vie, elle-même, est un essai de la mort. Un essai contrarié du réel qui occulte insidieusement le rêve et l’imaginaire. Aucune méditation ne saurait avoir de démonstration pour traduire les possibilités abstraites, théoriques, et métaphysiques. La conviction l’emporte sur l’approche inconcevable de l’inavoué du changement perpétuel, de la modification permanente de la vie puisée dans les stries de la mort, épuisée d’elle-même.

Le transitoire est ici comme un guide entre les frontières du vide. Il s’habille du silence des clartés à têtes chercheuses, à têtes explosives. Il fouille et il creuse. C’est un chasseur de choix. C’est un débusqueur de préférence traquant ce qui de la vie se détermine spontanément.

Chaque jour est l’entame d’une survivance nouvelle. Nous délogeons inlassablement nos passés que nous éclairons comme des torches providentielles dans une cave que nous éteignons sitôt la visite terminée. Et chaque fois nous déménageons quelque chose. Nous réactivons une image, un parfum, une sensation que nous avions laissée en jachère. Temps immense et temps rétréci sont de même nature, le souvenir patauge d’un instantané à un autre. L’éternité est devenir. L’éternité est périssable. Nous compulsons l’instant pour aguerrir nos projections sur le futur. Et, nous redevenons du temps ancien dans une navette incessante. Nous continuons à couler jusqu’aux rives de la mort qui broie nos existences dans l’héritage du monde pour lui offrir au cœur de sa marche rayonnante, le pas éphémère de la précarité.

Nous serons autre, d’un ailleurs qui n’appartient à rien. Parce que nous sommes des chairs composées d’autres que nous-mêmes. Parce que nous poursuivrons la déchéance dans son désastre fulminant et resplendissant. Le héros de soi sature devant le dérisoire. Nous périrons dans l’innovation et ressusciterons comme des candélabres destinés à accueillir des bougies ruisselant d’un feu nouveau. Dans la création fabuleuse de l’indéfini qui abreuve l’infiniment d’une satiété troublante et géniale. Nos fêtes sont des improvisations. Nous nous subjuguons d’abord, pour mieux nous annuler ensuite dans l’éclat qui nous conduit aux foudres intimes de toutes choses. Pareil au même qui nous illumine et nous désacralise de la lueur blanche gravée en nos fondements primitifs.

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