Une cause d’espoir où le hasard s’éteint.
Au détour de tes lèvres, j’entrevois un long filet blanc. Une trace fine ineffaçable. Un fil à peine perceptible comme une lueur clignotante dans le noir profond. Et, je vis dans l’attente. Dans l’attente de la surprise et du saisissement de l’admirable. Car, il m’aura fallu des centaines de nuits d’accoutumances bardées d’images, des nuits d’épuisement de la salive des secondes, du noir cinglant où chaque naufrage remonte à la surface du souvenir, pour laver le vide où plus rien ne pousse. Tes lèvres sont alors devenues une porte pour les mots, une baie souterraine par laquelle dire est un rêve à demi écrit, à demi chanté. Un lieu où les prières surgissent comme des boulets de canons explosant les parois du désert des solitudes. Et j’ai regardé passer le temps lorsqu’il se met à plat ventre pour se faufiler sous les roches où se cachent les serpents.
Des étreintes mourantes, des salves de frissons acculés au précipice de l’oubli, taguent encore nos détresses et nos sourires. Nos peaux baignent dans la lueur des vertiges fanés. Nos voiles se gonflent et nos lanternes palissent. Notre radeau charrie nos sels dépeuplés de blanc, et nos limons d’algues fossilisées. L’atmosphère, toute entière dépourvue de forme, vogue vers de nouvelles attentes, de nouvelles îles, vers d’autres étincelles iodées. Nos tristesses s’épongent à nos malles soûlées d’histoires douces, et nous renaissons à l’arc-en-ciel des chemins qui nous croisent. Dans les bras de l’inaccompli sommeille encore nos troubles et nos merveilles. Mes braises rougissent à t’espérer. Vivante à cœur de l’écorce. Vivante à fleur de flamme.
Il est impératif que nos rêves nous protègent. Il est impératif que les fluides de l'amour nous déchirent de l'immensité des lits de brume avant la dévastation de l'aube oublieuse. Qu’ils nous saisissent de leurs surenchères du réel et nous conduisent aux interstices flamboyants des possibles restés feutrés dans nos ventres lissés d’abandon.
Est-ce pour faire renaître l'enfant que j'étais que mes rêves engendrent des miroirs où les solitudes s'accouplent ? Est-ce pour diligenter la fébrilité des espoirs vaincus par la matière que nous nous écueillons du grappillage des espérances mutilées par le réel ?
Le destin donne au hasard des stances à huit
clos, des fornications d’espoirs souillés par les conjonctures cuisantes et
implacables, et sur nos écrans embués d’esquisses libératoires, nous jouons à
colin-maillard. Nous jouons dans le déshérité des langages épuisés de leurs
manques.