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LA COLLINE AUX CIGALES
17 novembre 2010

Le mot cet autre moi. Ce transfert capital.

Tableaux_figuratifs_et_abstraits_004

Je ne sais plus si ma langue s’épure de l’héritage des galbes et des cordeaux de mon corps en mutation. Je n’entends plus les tentatives qui subsistent après le dire, la connivence masquée des idées et des sentis. Ma parole est anémique et déficiente, claquemurée dans la gangue des inventaires renégats. Elle cherche sa force au grimoire des peaux, dans le besoin des autres, dans la sollicitude des hommes de compréhension. Et, le mot se dérobe, fuit, s’évanouit et disparaît de toutes intentions. Le futur, à l’évidence, veut en découdre avec ce présent en transit. Dans un étang à se taire, l’air patauge et s’embourbe. L’immédiat cherche la subtilité de l’énonciation formelle. Le silence voltige à l’éternité épluchée de l’infini pour ne rien dire des céramiques à pâtes tendres qu’il découpe. Et, le mot que j’attends a épuisé de ses labours le cercle des tristesses anciennes. Il demeure là, comme un caillou que personne n’a ramassé, seul comme une relique fanée, comme une motte durcie. 

L’insoluble arôme du hasard s’inventorie d’inutiles confidences calfeutrées. Reste dans cette incroyable abondance d’illusions, une solitude neuve dont l’accent se transfigure de ce qui se désiste et se dédit. Dans le rebours chaotique des confessions, se retisse la rhapsodie esseulée d’une migration tout à la fois frileuse et furieuse. On a beau dire et taire, on reste soi-même, et le mot nous déshabille comme un goujat.

Je vois encore le mot chiner à la pudeur que tu lui as consacrée dans tes hésitations. Il vient charmer jusqu’à tes plaintes pour que tu lui accordes tes faveurs, t’obligeant à effacer les pannes qui te retenaient prisonnière dans le vieux (fusil) sommeil de tes maux et de tes querelles. Tu lui as souri comme les pénombres rayonnent dans les clairières débouchées du non-dit, du non expressif, du non qui confirme la négation perplexe, tourmentée par l’indéterminé.

Toi, dans le transfert des heures… Sans le savoir tu leur as encore confié tes espoirs, et tu te plies à deviner les présages qu’elles pourraient te signifier. Hier n’a pas été de tout repos, et tu t’étais pourtant jurée de ne plus acquiescer aux déclarations trompeuses que ta confiance porte aux instants bariolés où se lestent leurs voilures comme des navires en partance vers de nouveaux horizons. Ton désir se lubrifie aux instances des peut-être. Il se revigore de cette folle volonté, cherchant toujours à unifier les rêves évadés à ce réel obstiné qui se refuse à en découdre mordicus avec l’insistance des envies. Tu as pourtant archivé dans tes fondements les douleurs cuisantes des combats perdus sur le fil saillant des rigueurs. Et tu sais l’empreinte des mémoires qui te maintiennent comme une ancre au fond de tes océans. Mais, elles ne peuvent se résoudre à un quelconque renoncement de ce bouillonnement de gravillons qui parcourt tes limons. Il fait chavirer tes forteresses tendres et tes remparts cimentés de rectitudes choisies. Il défie le temps et te défie toi-même lorsque tu te blottis dans le contre-jour des attentes prolongées et impatientes. Ce désir ardent comme une braise sans cesse ravivée, c’est ta vie, c’est ta ligne tracée, ton domaine imprononçable. C’est ce royaume de frivolités et de nécessités sucrées, douces amères, que tu habites comme une épreuve limée à la constance, rabotée à l’indifférence de la durée. C’est aussi cette épigramme de vitalité rouge mêlée aux visages du cœur des hommes qui te fait sortir de la mort pour tenter d’apprivoiser le bonheur resté planqué derrière l’étourdissement des siècles de chimères.

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Commentaires
B
… On a beau dire et taire, on reste soi-même, et le mot nous déshabille comme un goujat.
V
dans ce qu'il révèle de l'écriture et le symptôme que peut être le mot dans ce "transfert capital"<br /> Bien à vous
LA COLLINE AUX CIGALES
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