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Nul doute, nos désirs sont nos défaillances les plus visibles. Et t’exprimer ma blessure devient vite un labyrinthe. Chaque mot, chaque syllabe se convertit en des sons plus ou moins mélodieux. Certains sont des bruits assourdissants conduisant plus volontiers à la fuite. D’autres se glissent en nous comme la poésie manquante que nous attendions. Rien n’est dit d’avance. Une longue traînée sur la mer laisse croire au passage d’un navire. Il n’en est rien. Le vent contraire au courant en est le témoin.
Heureusement, le désir nourrit l’audace et lorsqu’elle atteint son exacerbation vive, l’élan ne peut plus être contenu. Heureusement le désir cohabite avec la prise de risque naturelle à se dévoiler à l’autre. Heureusement, tous les sarcasmes débités envers soi-même s’effondrent de la même manière que des îles s’ensevelissent à la fureur des eaux montantes.
Fêlure contre fêlure l’amour cherche sa place.
Il visite chaque aspérité, chaque trou, chaque alcôve. Il sonde comme un juge
suprême ce qui peut lui être un secours, un coin de soulagement, une main
tendue à ses propres carences.