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LA COLLINE AUX CIGALES
26 juin 2010

La solitude est-ce une pitié de soi ?

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Dans ce désert, rien ne parle, rien ne bouge. Et cependant… La bouche promène sur des oasis providentiels. Le cœur se dissipe dans les vagues du sable, les mains chahutent les grains désordonnés et le regard s’accroche aux cris transcendés par toutes les victimes arrêtées à l’immobilité des hurlements, aux cris perçants restés dans les sources profondes de l’humanité. Entends-tu quelquefois, ces chants de vie éteinte remonter à la surface ? Ces voix anciennes comme repliées dans le naufrage de la terre ?

Solitaires de nature, nos ombres se mélangent. Nous sommes si nombreux aux creux de l’obscurité que la parole y est lourde et la voix pâteuse comme une cire molle. Dans la culbute des heures dures, nous avons pitié de nous-mêmes. Nous cherchons, chacun, dans nos désespérances, un coin de lumière propice à nous extirper de nos corps et de nos âmes. Nous bavardons avec l’écume de nos torpeurs, cisaillant l’unité protectrice de notre seule pensée. Nous sommes seuls. Désespérément seuls. Seuls d’avenir, seuls de passé. Seuls de l’invraisemblable communauté des hommes. Seuls et uniques. Et nous nous convoquons aux autres pour nous débarrasser de nos échos d’amour propre. De l’imminence cotonneuse de nos fiertés et de nos désarrois.

Te dire davantage serait escamoter l’amour qui nous transporte comme des sacs remplis de glaises prêtes à être façonnées, à être polies et travaillées à l’irréductible tripotage des hommes. Nous sommes devenus. Nous sommes parvenus. Dans nos tiroirs traînent encore quelques sentiments mort-nés, quelques émotions repliées où se conserve le temps qui n’a su naître.

La solitude est un écrin, une alcôve, un lieu de prière. Trop de monde y pénètre sans notre désir avoué, trop de morsures de tristesse et de sourire y déposent leurs souliers. Trop nous dilate à l’embonpoint de configurations qui ne sont pas et ne sont plus nous-mêmes. Et être seul dans ces conditions, nous résume à être tous. A baigner dans la foule et le multiple. Dans l’éparpillement. A l’épiphénomène des disgrâces. Lâchés que nous sommes, vaincus par l’empirisme des symboles percutants des parasites, des pillardages incrémentés à notre sang buveur d’étoiles, buveurs de poisons.

Dans l’intimité de soi. On ne se dit pas tout, on ne s’avoue pas tout. On occulte volontairement une part de soi-même, dans le camouflage, derrière un inconnu d’ignorances comme un bouclier nous protégeant, le croyons-nous, de nos vulnérabilités, de nos désappointements, de nos faillibles et de nos faillites. On se cache à soi-même, on tait, on enterre nos dépourvus et nos faiblesses. On limoge tous les autres pour que survive notre ego, comme une reine dans son essaim. Ego, est ce nom étrange que l’on donne à la part que l’on accepte dominante à l’intérieur de soi.

Des échos résonnent si fort que je ne m’entends plus.

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Commentaires
S
Comme une toile invisible tissée au plafond des idées sombres, flâne la solitude. Elle s'endort dans le craquement de nos paupières mais est une compagne fidèle ... La solitude, un désert où parfois, il fait bon poser la chair de ses pensées.
V
Il y a des espaces conquis pour des échos salutaires dans les rencontres avec soi-même sans malentendu de mal entendant. (sourire)<br /> Il y a des victoires sur soi-même qui révèlent des défaites sur l'autre sublimé.<br /> Bien à vous
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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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