Mire.
Epsilon, le défi de l’absurde, en toi divorcé, s’élude, s’élucide.
La joie a connu sa décadence après ta chute. Et je suis mort mille fois à te survivre dans l’affrontement des heures engourdies. Somnolentes.
- J’ai vu dés l’aube empourprée l’éclatement de la lumière insoutenable aux regards.
- J’ai vu au loin dans l’azur, les falaises décrépites où se jettent les ruines de nos apparences édifiées à l’emprunt des images flottantes.
- J’ai vu ces mirages étoffés de pieuses et sordides morales où le parce que n’est que parade.
- J’ai vu ces frondes tourbillonnantes issues de révoltes impétueuses fondées sur la contradiction des choses établies.
- J’ai vu des soirs déserts de vie ou la nuit néanmoins parturiente s’embrase sous les palpitations des souffles inassouvis.
- J’ai vu des jours simples abritant ce que la nuit exclue en se déshabituant du sourire.
- J’ai vu ce miroir sans tain où se gravent les images sèches qui s’échappent des pluies sans eau. De nos orages secs.
Sur le sable traîne encore des coquillages vidés, des châteaux inachevés ou rompus à la vague d’encre écumeuse. L’impuissance du reflet se mire sans se voir, juste se devinant, et il s’embaume des craintes à craqueler, à effriter, à laisser s’échapper la silhouette. Tu n’es plus là, je te guette. Miroir d’alouettes. Droit, assis, couché, toujours impudique à retourner un flot d’images sédentarisées à l’illusion.
Miroir d’errances interminables où s’accuse l’œdème de soi, la rétention accablante d’une nature soumise à ses gènes. Un miroir sans thym, et sans prononciation, réduit à réfléchir nos sommeils tournoyant comme des siphons écorcheurs, lapidant nos peaux mortes.
Images, caricatures, échantillons. Tu ne m’inspires point cette défiance régulière, ni même cet affaiblissement que les mélancolies savent pourtant si bien inaugurer. Non, tu es là. Toi, toute entière, comme un mirage éclairant mes plus arides steppes. Tu es là, inscrite au patrimoine de ma réalité, et je t’emménage comme un enfant construirait ses cabanes sur un arbre magique.
Sans le savoir, tu es le refuge virtuel où s’effeuille doucement la délivrance des « embaumes » insensées. Fossilisée dans mes os, mon squelette transpire les graines sonores et germinantes, celles qui ne laissent aucune place à la désolation et à l’effondrement.
L’avenir existe pour nous permettre de rectifier la solitude du silence. La distance nécessaire sans laquelle l’invisible de nous, ne trouve aucune voix pour dire le partage.