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LA COLLINE AUX CIGALES
20 mai 2010

Affleurance.

4538_12

Au sommet de ta bouche les mots parlent pour se taire et ils brocardent à nos lèvres porteuses de douceurs et d’acide, un brouillard d’airain analogue à l’épaisseur de nos silences de crocodile. Nous étions prêts à croquer du verbe à contresens, nous voilà sans raison à donner à nos langues qui se boivent comme l’aubépine absorbe la rosée. Ce que ton âme a tenu puis lâché, ta chair s’en souvient. Au creux du nous, c’est de l’autre que vient la délivrance. Cela explique tout au moins pourquoi je t’invente et me rend plus léger à le faire. La part manquante est un beffroi où l’attente gicle, où l’impudeur s’effarouche, et où je t’attends aux aguets des murmures. Refoulé, d’une enfance sans âge, je me livre où nous mourrons tous, dans les serre-joints d’un amour encore plus fragile. La part de ce ciel restée gris-bleu s’affiche pour jeter au blanc des nuages, le trouble d’une affirmation qui pourrait s’abandonner au renoncement, mais les saisons obligent le parcours de la graine à la fleur, et de l’élaguement à la mort. A l’aube qui se lève égratignant la peau du jour, mes yeux poursuivent jusqu’où va le regard pour voir derrière la nuit un autre jour de lumière qui n’en finit pas de jouer à cache-cache.

Le mot qui souffre de ton absence ne peut se mettre en terre. Pour lui, le voyage est définitif. Il va de bout en bout dédicacer les torpeurs environnantes. Il voudrait n’être qu’une plainte joyeuse arrachant aux griffes des chagrins la jubilation des mots potelés comme les joues des anges. Mais, je me tue, à chaque fois, de ces périls sans retour où grimpent les métaphores comme des lierres alternent d’ondées épineuses en fougueuses brassées de vert. Mon corps envahi mon âme et il faudra toute la liqueur de tes yeux pour parvenir à déloger la révolte de mes troupeaux de laine douce. J’habite l’ailleurs comme ma propre maison et si mon parfum te transperce c’est que le couteau de mes Barcarolles est bien affûté. Mon cœur brûle comme un feu de la Saint-Jean, et toi, tu danses tout autour en buvant à mon sang. Tes yeux sont la clarté de mes braises. Et ton cœur est sans doute capable de faire fondre mon ciel en une simple rivière. Le feu et l’eau sont ce mariage que les rêves attisent pour donner à la flamboyance le goût du fer d’un éclair aux éclats de foudre. Ce tonnerre là inscrit l’indélébile au registre des respirations, et les initiales déblatérées des souffrances mortes s’échappent des pores pour que vivre soit.

« Il y a des îles de lumière dans le plein jour. Des îles pures, fraîches, silencieuses. Immédiates. L’amour seul sait les trouver(1)

Faut pas gâcher la vie, faut pas gâcher l’amour.

(1) - Frédérique Flamand -

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Commentaires
B
Merci à chacun d'entre-vous. Toujours touché par ces vibrations partagées.
S
Une ceinture de brume s’effiloche dans le lointain<br /> Comme un sursaut de lumière dans l’espace froid<br /> Et la nuit rampe sur le jour assis sur un strapontin<br /> Pour arrêter les battements de son cœur si délicat<br /> <br /> Mon regard d’ailleurs glisse sur le talus de l’ennui<br /> Seule une étoile sourit, accrochée au mât du soir<br /> L’odeur nue de l’angoisse lèche les murs de pluie<br /> Monotone et oppressante sensation de mouroir<br /> <br /> Cette saloperie d’absence gagne encore du terrain<br /> Une ombre passagère serpente le long des vallées<br /> Le vent frivole encense mes pensées de ce parfum<br /> Mais dans le bleu du désert, je m’endors fatiguée<br /> <br /> N’aurai-je donc que ce vide où figer ma mémoire<br /> Sans toi, je suis une herbe sauvage dans l’herbier<br /> J’y creuse ma tombe en espérant qu’est provisoire<br /> L’absence qui m’empêche simplement de respirer<br /> <br /> J’aimerai tant perler dans la salive de chaque mot<br /> Que tu prononces comme une rivière d’amour<br /> Naviguer dans l’eau de tes yeux comme le bateau<br /> Qui prend la mer sans penser encore au retour<br /> <br /> Vivre dans ton corps pour ne pas être abandonnée<br /> Etre ton sang pour irriguer la terre de mon devenir<br /> Me désaltérer à la source brûlante de tes pensées<br /> Et dans le satin irisé de la robe de ton cœur, infinir
G
Je suis à l'envers, j'ai commencé par ta note la plus récente et là je descends, mais en fait je monte ! Haut dans le ciel.
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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