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LA COLLINE AUX CIGALES
6 avril 2010

Tant de poisse ; temps ouvert à l’échappée.

picasso5

Livrées à la rencontre, offertes à l’inexploré… l’heure bleue se tisse d’espoirs, l’heure obscure trame des soubassements incongrus.

Désenchanté, le temps se glisse dans des miroirs d’étincelles sans laisser de trace. Effacé de sa présence continue, il s’accueille lui-même au bout de ses effacements. Livré à l’absinthe des mémoires, il raconte l’imprononçable des histoires qui se succèdent et qui s’amoncellent au bord du jour à naître.

Ma vie buvard et bavarde ne consent qu’à elle-même. Dans ses étoffes anciennes, sous le pli des ans, ruminent encore des êtres disparus, des souvenirs capricieux, des choses vibrantes, des choses désabusées. A la cache du temps qui passe, à la tire des souvenirs ineffaçables et pourtant sans voix audibles. Murmures de grains foulés, de farines jaunies pourtant encore fraîches dans l’auge du présent. Résurgences d’affables rengaines comme des dessins immobiles que l’on feuillette à grande vitesse pour les faire bouger. Dessins animés devant la flamme inépuisable des lunes d’émotions.

Dans les yeux du soleil impossible d’y voir clair. C’est seulement autour de la lumière que le visible s’illumine. Alors que le passé clignote sans cesse à l’insu de ma volonté, je désespère des images qui m’habitent et je voudrai plonger dans l’oubli comme on plonge le papier photographique dans un bain révélant le cliché et le laisser mourir dans le noir, le laisser définitivement dans son jus.

Mais tu es là toujours, inséparable de mon sang, incontournable à ma respiration du monde. Tu t’es engloutie en moi comme je suis devenu cette part représentative de toi.

Tous mes souffles s’inondent et dans l’ensevelissement mes mers cognent aux tiennes. Le heurt des tempêtes sans bruit résonne pourtant comme la cinquième de Beethoven et mon habitacle tremble, et mon corps s’enduit de ces ondes incontrôlables qui m’assiègent : contrit de toi, je me laboure sans même le socle d’une raison.

Il me faut parcourir l’inconcevable. Aller à la rencontre de ta surbrillance. Te digérer comme un fruit sec au goût sucré. Ne plus être avec toi mais de toi en moi comme une seule peau, un seul prépuce, une seule absence incarnée dans le prodigieux coopérant à la vie.

Salves d’embruns, salves de fragments de mémoires tirées à bout portant sur la corpulence du temps subjectif resté coincé dans les méandres des effrois et des chocs qui percutent les ombres de ce que je suis. Ton rayonnement boit au mien. Je suis à court de moi-même. Solitaire de deux.

Chagrins utopiques défrayant un réel obstiné d’illusoires conservations que l’existence va moudre comme des blés virtuels lacérant le vivant comme si il était soumis à une lapidation meurtrière, insoutenable et inévitable.

Aimer s’extirpe de la chair qui reçoit. Une brûlure dépecée, une peau chargée de croûtes, que le corps rejette. Une marque tatouée d’indélébiles frissons. Aimer s’enflamme de son propre brasier. Dans les cendres demeurent encore l’inscription et la matière brisée de ce qui s’est inscrit. Mes vœux occupent la poussière.

Il me plairait de consentir à me déraciner sans perdre et de m’accoster dans le déchu, dans la tentative épuisée, dans le renouvelé qui a perdu.

Livrée à la rencontre, offerte à l’inconnu… une ondée de poisse passe comme un grain de pluie inattendu. C’est le serment de la promesse qui s’exile, c’est le découragement des errances lasses, c’est la courbe de l’horizon qui plonge dans la faille, dans la profondeur des fuites et des esquives qui vont rejoindre le vide. Un moment transit à l’impérieux des jactances de l’âme dont les bouffées rougies flottent dans la suspension avant que de s’évader dans des ailleurs illimités d’anonymes reflets. C’est l’écho du vide qui reste parfois insoutenable pas sa cause.

Lâcher prise nécessaire ou tribulations corrosives, ne sied que la vie dans son désir de désirer par-deçà et son sourire habille comme une muselière de joie qui ferme la bouche du tourment pour écouter la truculence du silence neutre d’une origine vitale toujours muette.

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C
" Aimer s’extirpe de la chair qui reçoit. Une brûlure dépecée, une peau chargée de croûtes, que le corps rejette. Une marque tatouée d’indélébiles frissons. Aimer s’enflamme de son propre brasier. Dans les cendres demeurent encore l’inscription et la matière brisée de ce qui s’est inscrit. Mes vœux occupent la poussière."<br /> <br /> "C’est l’écho du vide qui reste parfois insoutenable pas sa cause."<br /> <br /> "Lâcher prise nécessaire ou tribulations corrosives, ne sied que la vie dans son désir de désirer par-deçà et son sourire habille comme une muselière de joie qui ferme la bouche du tourment pour écouter la truculence du silence neutre d’une origine vitale toujours muette."<br /> <br /> Je m'étale ... je sais ... Mais je ne suis pas toujours sage et rangée .. :)<br /> J'impose avant tout vos mots, ceux qui m'ont le plus "marquée" ... Et puis parce que .. <br /> <br /> Parce que tous ces mots ... Ces émotions si bien placées ... Ces couleurs cadrées ... Ces faiblesses révélées .. Ces forces justifiées .. Ces soupirs étouffés .. Cet Amour écrié ... <br /> <br /> C'est de loin l'écriture que je vous envie .. Parce qu'elle vole mes sensations, parce qu'elle abreuve mes perceptions et parce qu'elle nargue ma plume ... <br /> <br /> Merci de tant de partage
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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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