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LA COLLINE AUX CIGALES
31 janvier 2010

Petite psamoldie irréductible : le mot.

2005244559390304128_rsTe parler, te dire, te raconter, t’offrir en partage… Je n’ai que l’insuffisance du mot pour essayer de te traduire ma pensée et mes émotions. Ce qui se sent a beau être clair, je ne suis pas convaincu de la limpidité du message. Toujours amoindri, racorni et minimaliste à la portée de l’ambivalence d’un tout, l’intonation cherche à accentuer pour qu’il t’arrive le plus compréhensible possible. Mais, je le sais bien, c’est une illusion.

Comment pourrais-je te témoigner avec force l’intensité qui me parcourt ? Comment pourrais-je supposer que tu accueilles le sens que j’aurais voulu intégrer à ma voix dans son absolue probité ?

Juste des accolades, juste des fragments… Te dire est me dire, te dire est mon exploit, ma façon toute personnelle à t’évoquer la part de toi qui vit en moi et ce qui en résonne. Te dire se voudrait l’unité consentie avec moi-même, en moi-même.

Les mots d’amour sont les plus terribles, les plus incendiaires, les plus tourmentées qu’ils soient à partager. Et, il en va de cet échange pour que lumière soit dite, pour qu’échange soit fait. J’ai tant l’impression de simples colportages ineffables.

Dire. Comment l’amour peut-il se dire ? N’y-a-t-il pas une dichotomie entre la conscience de ce qui est et l’effervescence d’un sentiment qui draîne de nous une brillance qui nous éblouit nous-mêmes ?

A l’imparfait du mot qui voudrait te dire, me voilà juxtaposé à un en-soi paradoxal et récurent. Mes ondes s’échappent. Mon vouloir s’affaisse. Ma conscience s’avoue désemparée. Pourtant, il me faut impérativement te proncer mon amour. Que j’ai l’impression que tu l’aies entendu et compris. Que le dire trouve en toi l’écho que j’y attends.

Il ne suffit plus d’aller voir en ton cœur s’il a été touché. Il ne suffit plus d’avoir le sentiment d’être bouleversé, voir possédé par la musique et le parfum en support conjoint.

Nous ne possedons rien. Pas même la capacité de l’éclair à fissurer la solitude des soliloques. Nous nous approchons et nous nous comprenons sur un mal-entendu, sur une immaterielle et invisible cadence insaisissable. Nous jouons au funambule qui escalade les nuages et passe de l’un à l’autre comme si nous marchions sur de la mousse.

Pourtant ton corps, pourtant ton visage, pourtant tes lèvres dont le baiser raconte l’extase revendiquée d’une émotion toute frisonnante. Pourtant le tangible du réel qui s’égosille à témoigner une compassion débordante.

Aimer ne serait-ce point une douleur métaphysique qui s’incarne dans de la chair sans que cette dernière puisse s’apaiser véritablement, pleinement, absolument de la rencontre de l’autre ? Ne serais-tu qu’un miroir, une terre docile où mon ego puiserait un peu plus sa puissance à être le dominant solitaire d’une excursion sans fin ?

Nos concepts Pascalien de : « l'amour ne se prouve pas, il s'éprouve. », ne nous caractérisent-ils point comme une masse émotionnelle pourvue de sens immaîtrisables et cependant inconditionnels à nos épanchements souverains ?

Sentir, oui. Aimer, oui. Mais qu’aimons-nous de ce que nous sentons et que sentons-nous de ce que nous aimons ?

Des brouhahas perturbent inlassablement. Je suis au flou de toi, dans ce brouillard que je voudrais protecteur à toutes incompréhensions. Que pourrais-je attendre de toi qui ne soit pas déjà en moi ? Mes misères bordent et culbutent à l’inouï de toi. J’habite le sublime, je transgresse et régresse d’un seul et même tourbillon.

N’aime-ton pas qu'après avoir jugé, ne préfère-t-on pas qu'après avoir comparé. Ne pensons-nous pas que l’amour est aveugle alors qu’il posséde sans aucun doute de meilleurs yeux que les nôtres ?

De ce choix raisonné au-delà des fractances des lumières, ne sommes-nous point dans cette ombre marécageuse où s’embourbent dans la réclusion nos états d’âme inconditionnels ?

Te dire je t’aime, n’est-ce pas simplement se défaire de soi pour se réaccaparer son propre espace avec le plaisir d’un druide qui invente une potion magique ?

Dans le désamour progresse l’oubli de soi. T’aimer est ma subsitance. Mais alors, comment te le dire ?

Le mot se donne t-il ? Les mots qui savent puisser et s’étancher au silence savent plus que d’autres la part manquante qu’ils transportent.

De la violence qui siège en nous comme une mer débridée des bourrasques qui l’ondulent sans vraiment la purger, dans la tempête poignante de nos cris les plus profonds, l’exil n’est pas une fuite contrariée. Non. C’est l’émancipation qui nous désclérose, qui nous délivre de l’exultation restée coincée dans la foule des turbulences.

Le langage est notre maison, notre souvenir extra-converti de la flamme première qui nous a léché. Nos coincidences s’y mêlent et s’y emmêlent. Te dire c’est t’arraisonner à la vérité de mon réel.

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