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LA COLLINE AUX CIGALES
27 janvier 2010

Le déluge émetteur.

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Je voudrais te décrire ici mon ressenti… tu sais combien je suis méfiant de cette parole que nous utilisons pour nous comprendre, pour nous dire autant que faire se peut. Et à cette heure où je me trouve, mon souhait de faire le point est très vivace. Il faut que je te dise, il faut que je me délivre. Excuse-moi d’avance si je ne sais t’exprimer à nu une vérité aussi pure qu’une neige qui n’a pas connu le pas de l’homme. Je m’apprends moi-même de cette construction qui oblige le délestage le plus fulgurant.

Un mot tel un prédicat, un éclat soudain dans la sphère des sens rompant le silence, c’est l’outil que mon sang a trouvé pour communiquer avec toi. Un mot, une phrase, du parfum de voix dans l’immensité froide où retentit seulement les lumières indéchiffrables, les clapotis d’étoiles, le tout lissé d’un univers vibrant du silence des tombes, c’est ma vie qui se transporte à la vie. L’espace vide, immense, se lève et nos existences minuscules réduites au grain d’un souffle volent et s’envolent comme des brisures, des fragments d’une nature perdue comme un bateau sans attache qui dérive, dérive sans connaître de frontières. Mes mots ne se veulent pas des leurres. Ils veulent tracer ce pont suspendu qui nous relie. Peut-être de ce lien fragile et fébrile de nos solitudes les plus exiguës aux myriades de sentis qui nous sont indispensables pour appréhender le monde. A commencer par nous-mêmes.

Des mots comme des bouffées de victoires s’exultent à corps et à cris. Remontées de laves souterraines invisibles, ma gorge se charge d’un contenu qu’elle métamorphose en musique. Le son de qui je suis traverse les âges et vient sonner et vient déborder de l’encrier et puis repart suffoquer dans des miasmes de poussières organiques, dans des brouillards de sulfure.

Dans l’appréhension fuyante et tremblante se concocte une teneur, la teneur d’une image convertie en chair et en os. Un entrelacs de formes colorées et variées qui seraient la face apparente de la vie. Je tresse au travers de la lumière son côté coloré alors que les ondes se déficellent. J’acquiesce la forme omniprésente telle une vérité présente dont l’emprise rompt à l’idée sa réalité incontournable. C’est dans l’inapparent que naît le sens des choses.

Tu es là, fuyante et tremblante à mon désir de vérité et pourtant je te compose de tous les éclairs qui me traversent. Nos paroles sont des larmes d’eau salée que nous avons sauvées des mers et que nous pleurons pour arroser nos présences des limons d’outre-tombe. Nous allons chercher dans la mort. Nous délogeons l’immobile dans nos rêves. Nous extirpons de l’inconnu des matières non identifiées auxquelles nous confions nos parts sensibles afin de moudre nos prières à la promesse du monde. Nous tramons la parole du jaillissement de ce qui s’effondre en nous. Nos mots sont des ruines reconstituées du chaos. La manducation indélébile, le masticage permanent.

Mon désir est une faim, ma parole est naît dans le feu. Insatiable le roulis des flammes qui exécute ses danses. Intarissable cette envie qui tue la précédente. Le mot ajoute au monde sa carrure et sa vitalité à vouloir le posséder. Te dire ma conviction, mon opinion ne sert qu’à moi d’abord. Reclus aux extrémités de mes fondements, l’isolement angoisse la présence du silence et j’ai inventé le langage pour sortir de cette terreur. Te parler d’amour est alors une jouissance extrême qui déambule aux bords de mes gouffres. Chaque ravin renferme mes consentis sous les mâchoires de la peur.

La lucidité est une carte que l’on tire comme un arcane. Elle devine sans deviner, elle traduit sans traduire, elle ne dit que ce que le concevable puisse prendre pour acquis, saisir pour acquiescer du réel son trouble et son appartenance à l’éphémère immédiat qui nous bouscule.

L’amour, l’amour, l’amour, l’amour…

Tout derrière c’est éteint, tout devant est tendu comme un passé qui revoit l’immédiat. Nos langues sont des vibrations qui résultent aux vibrations. Nos mots sont des vertiges qui défraient les tremblements. Nos consciences sont des éclairs qui palpent le devenir sans en connaître la profondeur.

L’amour, l’amour, l’amour, l’amour…

L’accumulation des haines converties en héritage des pauvres, héritages des lacunes et des déluges. Le déluge réfractaire aux accoutumances, docile aux transhumances, siphonne la réalité et l’aspire comme une friche morte servant de guirlande aux mots que l’on agrafe, aux phrases qui s’amalgament aux présupposés, aux médiations convaincue de l’utopie devenue fantasme.

L’amour, l’amour, l’amour, l’amour…

Seul dans le périple de ma conversation, dans le périple de ma transaction avec la mort lymphée et immobile, mes mots terrassent la lumière, lui inventent un corps et une dimension humaine. Seul. Seul d’amour et de pauvreté dans un infini qui trouve ses limites, dans une immensité qui ne déborde rien d’autre que l’inopérant de ma volonté et de ma puissance à concevoir.

Le sentiment de déréliction : je suis vaincu… Vaincu par mon désir, vaincu par mon désespoir, vaincu par ma misère. Gît en moi l’ombre des ferveurs transparentes. La mie tragique de mes souffrances à valider le monde dans les yeux des autres, dans le regard de l’autre. L’autre est dans la fuite de ce que je suis comme je suis dans l’échappatoire de ses relents. J’ai le hoquet transitoire où se défigurent l’irréductible. Tout est désynchronisé. Le présent s’appelle ce lieu où je suis toujours dans le retard.

Mon cœur bat en dehors des stèles d’un quidam bruyant devenu plainte inconsolable.

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Commentaires
A
Une Noah plutôt ... sourire .
V
y-aura-t-il un Noë destinataire pour sauver du déluge?(-:<br /> Bien à vous
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