Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LA COLLINE AUX CIGALES
6 janvier 2010

Il n’y a pas de rêve heureux.

picassoavignon

Il n’y a pas de rêve que je puisse faire sans que la réalité ne les terrasse. J’avais pourtant pris soin de blottir mon cœur à l’exil des tourments des hommes. J’avais soigneusement ouvert la fibre d’une nuit sans épine. J’avais tiré le rideau des sarcasmes parfois violents des préjugés que les hommes mettent en avant pour se protéger, pour s’asseoir sur une vérité qui les dépasse et dont ils usent comme un paravent.

Dans le soyeux de l’imaginaire, dans sa tourbe inventive et dans ses mains de velours, j’ai pourtant tissé mes résolutions avec le déterminisme qui occulte tous les dépits, toutes les arnaques et les illusions trop proches d’une réalité brute et immédiate. 

Mais ce qui est rattrape bien vite les enthousiasmes candides qui voudraient déployer les voiles du sentiment que l’affection gonfle comme des baudruches de caresses prêtes à fendre la rugosité des dominances humaines.

Il n’y a pas de rêve heureux. Il n’y a pas d’expressions souveraines propres à dénoyauter les fruits les plus rares pour en extirper la liqueur qui rassasie les désirs de volupté absolue. La ferveur est toujours innocente d’elle-même. L’innocence reste à l’enfant sa méconnaissance du monde. La connaissance rangée et aguerrie plonge nos morales dans l’effroi des paradoxes. Piégés que nous sommes à ne livrer de nous-mêmes qu’une annexe de nos soubresauts les plus doux. Il n’y a pas de rêve heureux. Ma créativité m’offre le hors limite des conventions et des rituels qui inondent mes faits et gestes. Cependant, elle dérive peu de ce qui m’est acquis comme connaissance de monde et de son expérimentation qui me le confère à ma seule façon, à mon filtre particuliers et personnel. Je ne déroge donc pas tant que cela à mes appréciations culturelles. Pourquoi en serait-il autrement pour mon cœur et l’amour qui le fait battre ?

Là où se fond le désir, le sentiment et le besoin de rayonner, je rêve à des yeux de lumière. Je voudrais réaménager et recomposer la vie. Je voudrais pouvoir aimer sans crainte d’un lendemain insipide rompant avec la passion qui m’a soudoyé l’énergie de la transgression. Je voudrais pouvoir aimer sans supposer un seul instant que ma flamme ne sera trahie et qu’en toute chose l’amour est vainqueur.

Mais là aussi, que d’échecs et de cuisantes défaites n’ont pas fourvoyées des élans purs. Souvent encore on se réserve, on se préserve de tout épanchement pensant qu’inévitablement nous serons toujours dans la souffrance. Souffrance d’un pas assez, souffrance d’un abandon, souffrance de trop ou pas assez.

Il n’y a pas de rêve heureux. Son seul miracle est lorsqu’il défait la réalité pour lui accorder une part joyeuse. Lorsque le ciel parait à la proximité de nos envolées. Lorsque nos épanchements boivent à l’étreinte du subjugué.   

C’est lorsque nos mains deviennent des oiseaux et que la pénombre chante une musique qui a fait ses gammes dans le silence profond que nous commençons à approcher la seule vérité incassable : celle de la vie. De la vie entière et de la vie plus grande que la vie. Dans un dépassement qui nous transporte au-delà de la réalité toute nue. Dans une rime ensorcelée où nous grimons chaque baiser, chaque pudeur, comme si plus aucune objection ne pouvait venir déchirer ce que nous sommes en train de vivre. Ton sourire, alors devient une éternité que les mémoires ne savent dompter. Tes lèvres sont aussi plaisantes que la générosité des fleuves qui s’accouplent aux mers pour les abreuver de leur trésor.

Dans ce que l’on ignore parle une langue indéchiffrable. Non pas parce qu’on l’ignore mais parce que le message nous serait sans doute trop lumineux pour que nos sens y résistent.

Je rêve à un rêve sans complaisance qui viendrait toucher ta peau comme l’on effleure délicatement les joues roses d’un enfant qui vient de naître. Je rêve d’un rêve qui ne m’appartiendrait pas et qui décoifferait les paupières devenues des peaux mortes où s’est endormie le rayonnement qui transcende. 

Cette chair vibratile et mouvante que tu habites comme un renard son terrier. Cette vie que tu fréquentes comme une charrue retourne la terre. Cette déchirure que tu colmates avec le désespoir d’y voir s’éventrer le rêve que tu as nourri depuis ton enfance. C’est l’antre confus et nourricier que je viens visiter si tu m’acceptes non pas comme un corps étranger mais comme le prolongement de nos éclats à nous pénétrer l’un l’autre comme une vie qui n’a pas encore connue la saillie des heures chargées du poids du monde.

Publicité
Commentaires
B
Merci trés sincèrement à tous.
L
C'est un plaisir de vous lire.<br /> Je découvre ce blog, petit à petit... et comme l'oiseau qui se pose je prends quelques brindilles de mots pour me tenir chaud.<br /> A bientôt.
A
Kali Xronia 2010 kai...Xronia Polla .<br /> Belle année 2010 à vous....et surtout de nombreuses années à vous lire... : je me permets de vous dire que vous écrivez les mots dont rêve une femme, rêve heureux .
J
Toujours du plaisir à parcourir vos textes<br /> amicalement<br /> jms
V
Si si... ai-je murmuré en vous lisant sans grande certitude mais avec toutes les velléités d'un vainqueur dérisoire qui lutte de ses défaites du coeur.<br /> Bien à vous
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 207 327
LA COLLINE AUX CIGALES
Publicité