Vide janvier, grenier à blé.

J’aurais voulu entendre la peau du monde sous l’écorse rapée des jours de dilletante. J’aurais aimé pénétrer la mémoire de l’eau qui coule comme abreuvée elle-même de l’histoire qui mappe toute chose. Il m’aurait plu d’aborder le ciel pour y voir la terre se dessiner comme une boule de feu où tout est enregistré comme une musique, où tout est orchestrée depuis le commencement de l’épreuve du jour au cœur de l’oubli.

Mais, nous sommes hissés comme des voiles de navires où le temps souffle sa perpétuité comme une boucle sans fin. Tout y est lavé et purgé, tout y est défait comme se déploie la misère qui a oublié la folie et la démesure des baillements gargantuesques de l’aube qui se fabriquent dans les cuisines des hommes. L’ingrédient demeure un peu de sel qui assaisonne mais la pâte y est nouvelle et sans cesse remodelée.

Nous sommes bâtis sur le fil des égarements nécessitant que la mémoire révèle ses souvenirs silencieux. Nous sommes un combat fluet et dérisoire germant aux interstices des apnées et des jaillissements . Nous cueillons dans le désespoir lui-même chétif, l’abondance de nos limites, avec l’incompétente à résoudre, l’incompétence à limiter l’insaisissable des inconnus qui nous débordent. Nous sommes une mémoire en sursis dont la continence laisse perler à la lumière la contention d’un silence tenace. Suspendus à l’ajournement itératif des brouillards qui ne veulent se résoudre à disparaître. Cette une, inaccomplie, inachevée qui perturbe toutes les autres. Cette solitude sans parole audible, nue comme un éclair, indocile et terrifiante, elle vient jusque dans nos sourires dire l’ombre qui nous accable. Et nous pastichons, et nous écrivons de nos sangs le fleuve révolté des fusions où nous avons bu nos premières gouttes.