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LA COLLINE AUX CIGALES
15 décembre 2009

E - 024 - Je suinte toi.

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Dans le crachin du jour où pleurote la lumière qui ne parvient pas tout à fait à s’instruire du blanc lumineux des foudres incandescentes, je parviens néanmoins à sucer les mots qui débordent des jointures…

Ta vie de femme, tu la préserves dans un landau ancré au mourir de l’enfance, dans ce lieu préservé où la douceur clémente des sans soucis et de la naïveté se joignent pour enrubanner la grâce fertile des regards nus, des mots sans écorchures, des pauses où le souffle se replie et se déploie comme un accordéon trouvant toujours le rythme qui convient.

C’est dans l’attente. Dans ce qui ressemble à l’attente, que nos mains se livrent comme désemparées de ce qu’elles ne peuvent toucher. Du tactile ressenti de la peau qui se glisse entre les paroles et nos corps muets. L’attente ressemble à toi sans toi, à nous sans nous, sans que nous y soyons vraiment, à une halte où les corps sont figés du souvenir, à des visages immobiles que l’on fait vivre malgré tout sans odeur, sans sensation autre que virtuelle. Miraculée dans une apesanteur défiant toute les gravités. La gravité d’être comme des oiseaux sans autres ailes que celles de nos agissements et de nos transgressions. Dans l’étrangeté des miracles qui recousent la nuit aux ferments de nos tissages de jour.

Vous voyez combien chaque jour est un antre d’attente, comme chaque vie est un espoir éteint. Un chemin lumineux parsemé de troubles, une route de passages évadés, un lieu resté pur sans réaction, vivant mais en sommeil. Lourd de sommeil.

Dans son antre : le silence. A son sommet : la ferveur solitaire des émanations intraduisibles.

L’arrêt soudain de la parole. Le muet qui batifole dans le hasard des clairs-obscurs, dans les tranches de vie que le symbole absorbe et qui déshabille le mot jusqu’à l’os. Dans la moelle de la lumière, dans le blanc brûlant qui efface, dans l’aveuglement des flammes du monde, au cœur de la terre, dans son noyau incandescent. Aux marges des exils : tu me reviens comme un voile invisible et humide. Et c’est mouillé de toi que je grappille à ce surnaturel l’ondée de tes boucles souples, luisantes de tes effluves.

     

L’envie délestée du désir, juste une pluie fine, une bruine légère, une onde sur la peau comme après être passé sous un brumisateur artificiel.

Vivre au travers, vivre à travers, dans cette exubérance de l’autre, dans ce que nos choix choisissent et non dans la réalité toute nue. Dévêtue de ses concrètudes épuisantes et ruisselantes comme des eaux provenant des ravins.

Ce qui nous emporte est ce qui nous convient, sans quoi on se retire, on s’évade.

Les yeux de l’autre sont ses paroles et tant qu’ils nous enivrent, on cède à la flamme qui nous brûle, un peu, beaucoup… L’important est de se sentir vivre, de se sentir être. Vous voyez combien il nous faut marcher dans la densité. Dans le terrassement des fondations subliminales.

Rien ne compte en dehors de nos rêves. Personne ne peut nous diriger sans notre consentement. Et nous sommes si multiples et si volatiles qu’il nous est difficile de nous plier à une volonté qui ne serait pas au moins un peu nôtre.

Nos bras entourent c’est ce qui nous convient.

Tu es là je te sens. Je n’ose t’effleurer. Je m’approche seulement en pénétrant la distance qui nous sépare. Cette distance qui nous condamne à n’être que le fruit de nos propres compromis avec ce qui est, et ce que nous essayons d’être. Au plus prés de soi, dans la larme de nos épanchements à nous donner de ce que l’on a reçu par ailleurs. Dans le transit de ce qui nous traverse. Dans la goutte restée de l’averse.

Tes bruits sont mes musiques. Ton hoquet mon tambour, tes soupirs mes mélodies timbrées du goût de tes paroles.

Vous voyez, il faudrait brûler l’heure comme un torchon qui a essuyé le temps que l’on a rempli, pour être vraiment dénudé de toute emprise.

Vous sentez ce vivre au travers, ce vivre à travers, dans cette exubérance de l’autre, dans ce que nos choix choisissent et non dans la réalité toute nue, défaite de tout repère, de toute marque. Pourtant une empreinte est là, une histoire totale mais incomplète du monde et de ses abimes qui se sont engouffrées en nous pour toujours.

Ce qui nous emporte est ce qui nous convient, sans quoi on se retire, on s’évade.

Les yeux de l’autre sont ses paroles et tant qu’ils nous enivrent, on cède à la flamme qui nous brûle, un peu, beaucoup… L’important est de se sentir vivre, de se sentir être. Dans la prudence, le risque d’exister révèle sa puissance.

Rien ne compte en dehors de nos rêves. Ici, personne ne peut nous diriger sans notre consentement. Et nous sommes si multiples qu’il nous est difficile de nous plier à une volonté qui ne serait pas au moins un peu nôtre.

Nos bras entourent c’est ce qui nous convient. Accessibles.

Je m’habille des fleurs qui poussent dans ton ventre et qui tapissent ta gorge des parfums de tes failles. Tes faiblesses sont mes prédilections. Là où ta nécessité m’appelle, je rebondis comme un écho. Là où mes vides s’accumulent à mes carences, je te conjure de calfeutrer, de compenser de tes lèvres restées des bourgeons de feu.

Nous n’avons de communs que nos brisures à nous projeter dans la béatitude de l’autre et c’est béats du ressenti d’apaisement que nous nous délivrons davantage. Une étoile sans ciel serait un berger sans troupeau.

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Commentaires
B
Pardon de n’avoir répondu à personne depuis un moment. Un manque de temps et de vaillance. La vie va toujours si vite…<br /> Merci à tous (tes) et à chacun (e) pour vos témoignages, votre gentillesse et votre générosité à poursuivre mes quelques petits mots.<br /> Un temps plus clément m’autorisera à mieux vous répondre, bientôt.
A
Ode à la vie ...Ode à la Femme...<br /> "Personne ne peut nous diriger sans notre consentement ", mais les rêves persistent...
V
Une étoile inspiratrice qui fait écho dans un ciel assombri que les mots jetés à l'horizon tiennent en éveil.<br /> Bien à vous.
O
"c’est béats du ressenti d’apaisement que nous nous délivrons davantage"<br /> oui<br /> bonne soirée, B. <br /> c'est la nuit sans lune ce soir, ces mots comme ces ciels étoilés à l'infini sous lesquels on respire et s'aspire et s'inspire. merci pour ce texte
T
Les états d'âme sont ainsi faits : écrits en noir sur fond gris... C'est juste un peu... et pas assez...<br /> (sourire taquin...).
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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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