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LA COLLINE AUX CIGALES
10 décembre 2009

E - 022 - Le désert dans les yeux.

Nu_au_tabouret_medium

Nos bouches épuisées de solitude franchissent nos silences dévalisés. Il ne reste que le flocage murmurant des défaites. Nous portons en nous les traces de nos événements.

A force de dire, nos gosiers sont des désastres qu’il faut repeupler de nouvelles histoires, de nouveaux commentaires, de nouvelles sensations.

Il faut réconcilier. Se réconcilier comme une rose se partageant de velours et d’épines. Sans souffrir. Tant de servitudes nous écrasent. Nos mémoires se confondent à nos sommeils et s’entasse le vivre comme le foin dans un grenier. 

Dans l’incertitude tremblante de ton regard et sous le mot qui se voudrait salvateur, aiguilleur et réconciliateur fermente déjà la foudre prochaine. L’incendie des paroles puise à cette paille séchée. 

Inguérissable mais joyeux, le bien-être du mot espère soulager même la mort. Le mot prédestiné qui vient infléchir le grain qui va être moulu. Parce que le mot transporte avec lui plus d’espace qu’il ne peut contenir. Il déborde, il bave sans cesse les poudres et les cendres qu’il ne sait contenir. Il est des mots qui nous envahissent plus que d’autres. Qui nous inondent d’une intensité lumineuse et d’une densité à rougir nos frissons comme un fer rouge grave une empreinte sur la chair.

C’est la peau martelée de cicatrices que je viens vers toi. C’est la voix enfouie et pourtant jaillissante aux odeurs de tisons et de brûlures que tu entends. Ce ne sont que le gravage et les moulures qui s’imprègnent aux visages de nos heures rapprochées. Le mot est un fil, un tissage, un lien, une couture où s’épanchent nos soifs. Nous lui accordons l’étrange traduction de nos sentis. Il est ce pansement et ce couteau avec lequel nous tranchons nos émotions. 

C’est à la certitude figée que nous devons nos lancinantes jérémiades. Nos lamentations sont de rires devenus des pleurs dans l’apesanteur de nos souffles. Nos larmes sèches sont des poussières que nos cœurs incubent comme des virus qui bercent nos fièvres humides. Moites de désirs inassouvis, nos sels purgent sans relâche. Il nous faut réinventer l’océan comme on invente des contes commençant par : il était une fois…

L’émerveillement se réveille souvent à partir des mots qui enveloppent une réalité qui aurait pu être. Là où le rêve vient cajoler nos altérités dépourvues. Nos vies sont corrompues de songes. Même les anges portent des manteaux d’épines. Le ciel est une couverture qui recouvre nos peurs et nos angoisses. Son tressaillement ressemble à nos tremblements.

Nos bouches courageuses iront flâner jusqu’aux controverses et nous évoquerons de nos voix palmées toutes ces algues agglutinées au dessous de nos mers à boire et à dire, à hurler le récit comme la vérité qui gronde dans la colère du vent. 

Dans l’ombre comme dans la lumière, vois ces formes cendrées, ces teintes d’échos lustrés, ces volumes d’éther qui s’entrechoquent à nos gouttes de sang qui parlent de nous au-delà de nos frontières mutiques d’os et de prières.

C’est dans l’ignorance que nos vœux et nos démangeaisons sont les plus prolifiques. Tout s’évade, rien ne reste mais tout se substitue dans la mutation. Comme une orgiaque danse où tout nos êtres s’appellent et se fuient. Nos hémorragies soulignent nos paroles des mots vierges de nos enfances dans le prépuce de nos gourmandises.

Ecrire c’est lire à l’envers, c’est déployer l’idée en la faisant descendre par la cheminée qui n’a d’autres flammes que celles des tourbillons qui nous emportent. Le chaud remonte inéluctablement à la surface. Les fumées qui l’accompagnent diffusent, protestent l’insatisfaction latente de nos vides que rien ne remplira jamais. Le vide ne supporte pas d’être comblé. Le vide ne sait que disparaître et revenir de tout temps chaque fois comme des giries refoulées de nos abimes. La parole se couche sur l’encre puis s’évapore rapidement vers d’autres stries.

« ...Tu es venue de ton loin sans mesure à mon dedans sans frontière et nos êtres dansent à l'immense des miroirs sans anses, et des fenêtres sans cadres, universel et si beau... »

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Commentaires
L
"Il est des mots qui nous envahissent..." avant de les vivre pleinement!<br /> <br /> "Ecrire c’est lire à l’envers", j'aime cette pensée...
I
Toujours dans vos textes-réflexions cette "présence" de l'esprit en quête du plus haut de lui-même. C'est un "lieu" que vous lire !
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