Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LA COLLINE AUX CIGALES
28 août 2009

→ 124 – A la mémoire trouée.

moyenne

Le chemin de l’oubli comme la régénération de braise ancienne nécessite la pâleur des souffles cachés sous les vestes du temps. L’enfance conjure les puits fendus demeurés sans couvercle, l’adulte, lui, feint le désarroi des failles et des vertiges. Un temps pour tout. Un temps perdu comme du pain cuit aux chaufferettes de la misère et un temps à séjourner sur l’échafaud surdéterminant des couperets moralistes.

Les gones de la rue se souviennent non pas des voies fréquentées mais des sensations vécues. De l’odeur des griffures et des éclats de joie.

Chemins de poussières embourbées sous les paupières des parades éculées et des grimaces enfouies dans des mémoires de fuite silencieuse.

Rien ne dit ce qui se tait. L’indicible parle aux peaux. Et la chair s’accepte à s’épuiser de toutes les maladies. Elle tousse ses lumières comme un crachin sortie des cheminées d’un bateau qui quitte le port.

Quand l’ombre descendra caresser ce qui hier nous embrasait, la flamme surgira des tréfonds et nous aspirera comme des bûches de nos temps inversés.

Quand la ride sera tracée soutenant le regard d’un futur délogé aux arcades blanches d’avant les brouillards, nos yeux éparpillés se rassembleront sur une seule droite et l’horizon nous semblera à égale distance de nos foudres et de nos replis. Le refuge sera l’instant et nous étancherons la soif de nos emphases sans lendemain dans la défiance de toutes ces vies qu’on abandonne. J’ai ce que j’ai donné au monde puisqu’il m’a nourri de l’écume de son silence.

Vie et mort s’engendrent dans une communauté d’insatisfactions, de carences et de manques. L’une appelle l’autre, l’une chasse l’autre, seule une idée floue d’unicité les rassemble et les attache.

Rien de plus impalpable et de plus fluide que l’air. Tout en témoigne lorsqu’il intègre les fléaux de vie alors que le respirer devient brûlant.

Accent fragile, facile à briser, ton souffle est un germe infirme qui boite dans l’ignorance de l’autre. Le vent a besoin de rassemblement pour étreindre, pour déplacer les graines et leur offrir la possible germination.

La vie sans origine s’épuise dans le sans repos des sources. La mort comme état de fait, semblable à la vie dans sa vulnérabilité, est un voyage immobile où circule le doute à l’état pur. Sur la grande élastique du temps se déposent successivement chacune cherchant le perfectionnement de l’autre.

Intime sensibilité de l’essence mère infondée au sacrement ultime, en dehors des flamboyances allaitant les paradoxes, abreuvant les paroxysmes. L’excès comme une bouture folle des chimies de l’éclipse, druide incomparable des potions de vie pure assiégeant nos fuites comme pour presser le grain qui deviendra la boisson des jours sans barrières, ouverts à l’étendue infinie.

Mon enfance est ballottée comme un sac de billes et j’entends leur musique comme un éclat au fond de mon ventre. Monde fictif, monde de parades, monde sans lien avec la vie qu’elle occupe toute entière. A ne plus savoir ce qui existe ou pas. A se méprendre d’être ombre dans les coursives d’une angoisse primale.

Sans savoir la naissance du monde, je ne peux me connaître et je n’habite que l’oubli dont je fais une terre peuplée des rêves qui se déversent comme des masques d’inquiétude.

Dans ce lexique péjoratif, j’incarne le gouffre, l’abime où se dégorge le résiduel de mes doutes. Chaque bribe d’air m’assoiffe.

Publicité
Commentaires
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 207 326
LA COLLINE AUX CIGALES
Publicité