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LA COLLINE AUX CIGALES
27 août 2009

→ 123 – Habiter l'enfui.

Cela ne change rien. La vie demeure à l’écho de son apocalypse originelle. Aussi impossible qu’un nénuphar poussant dans le ciel. Aussi criante qu’un enfant venant de naître du ventre de l’univers.

Je n’ai d’autres alternatives que de chercher à en effacer ses débordements, en gommer se dépassements et ses épanchements outre lieux, outre zone, outre le lieu-dit de fertilité accrédité. Oublier les séquelles. Oublier les sensations de dépouillement. Etre seul, mais entier. Etre absent de sa présence. Défait de son empreinte mais coulant de sa matrice comme un loup sans meute. 

Immergé au tragique d’existé, dans la baignoire des sursis où ne flotte que l’illusion. Trahit par la peur qui nous anime ou celle que l’on anime, notre chaos résigné à la maîtrise que l’on voudrait crMarieMadeleineoire déterminante, c’est l’implosion des forces et des puissances (re)tenues à l’aléa du hasard qui se dresse comme des rendez-vous inévitables.

Tragédie du polissage de l’enfance nue, peau tannée à l’âcreté de l’adulte compromis et du façonnage illusoire des règles contrariantes avalées dans la restriction de l’interdit venue tuer les racines, ôter les empreintes : pas faire ci, pas faire ça, pas comme ça… ce n’est pas raisonnable, pas quantifiable. Est-ce qualifiable ?

La part désenchantée mue dans l’équation de la peur, de la misère et de l’instantané. Querelles enfouies, batailles usurpées, combats du jour qui s’organisent en heures, les joutes rebondissent et les rixes s’enchevêtrent à une histoire se dissipant dans du talc. De la poudre tapissant le visage du jour. 

La peur, le trac.

La misère.

Les mâchoires de l’exil, les plis des zones vierges, les refuges inhabités du regard des choses, tout dans le grand empilement des ressources où l’on va marcher sans le savoir. Des presqu’iles humaines flottantes comme des icebergs détachés de leur gangue originelles. Il pleut et il coule des hommes, des histoires d’hommes au goût d’énergies fossilisées.

Débordements qui finissent par se répandre. Inondations corrosives et décapantes : une tête morte nous regarde. Sommes-nous vraiment ce que nous devrions être ?

Des sens aux aboient qui reçoivent et perçoivent, mais savent-ils qu’ils sont vivants et qu’ils nous multiplient aux besoins du désir ?

Peu importe, nous vivrions tout de même, nous surgirions malgré tout. Suffit à la pensée de germer pour que mourir ne soit autre chose que le fantôme de charité qui hante nos émotions.

Coquillages déracinés des mers de siècles jonchant mon désert fossilisé. Penser le perçu serait revendiquer aux sens une explications qui les déborde. Irréductibles comportements trahissant le sang qui les fait vivre. Filtres opiacés des raisons sans chair.

Je ne sais pas vivre.

J’éprouve inconsciemment le vertige de la lucidité. Cette part fragile et vulnérable qui me lie impunément au sacrifice d’être. Mes respirations souffrent l’air qu’elles avalent gloutonnes. L’air inusable. L’air identique à lui-même, c'est-à-dire différent de ses renouvellements à me transpercer dans une durée et une échéance approximative.

Je m’use c’est clair.

Parce que l’inusable habite le rocher dans mon ventre, parce que passe les jambes des rêves dont même les couleurs changent, même les désastres de beauté chassent les poussières de nos ruines. Parce que vivant je meurs de chaque instant. Ceux qui se figent sont des narquois défiant l’éternité comme ces statuts immobiles peuplant Athènes de la mémoire des gloires pour figer les détresses qui ont corrompues la sagesse et expiées les mensonges voraces de l’intégrité de nos sommeils.

L’espérance mère du probable lâche aussi son ancre sur le sol serré, étouffé de nos glaises, pates d’ocres gluantes. Terre d’abondance pourtant. Terre propice à la déraison des mauvaises herbes comme aux plus belles fleurs. Terre répétant sans cesse de la rose et de l’ortie, la violence des parfums qui enivrent.

Enfance insoumise perpétuant le rêve des heures blanches inscrivant à l’utile, à l’expérience et à la pratique, une insémination d’imaginaire crachant au réel sa foudre de liqueur démesurée.

On a greffé à mes lèvres le murmure des baisers d’adieu. L’obstacle profite à l’émulation. L’ego est concentrique et je suis une barrique d’alcool jetée à la mer. Ma fuite est dans l’obstacle inhabité, dans l’enfui irrésorbé de ce qui s’en va pour revenir dans des habits trop grands, dans un théâtre de mascarades sans plus de pudeur.

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Commentaires
I
Musique, oui, j'adhère.
B
Ouille : Sans doute l’Allegro Vivace de Mr Mozart devait-il morde mes mots.<br /> Merci de ton oreille… Sur les mots à quatre temps, j’entends ton soupir. Sourire.
O
souvent quand je te lis je me demande sur quelle musique ils ont été écrits, et laquelle mettre pendant que je lis, là, c'est les caprices en mineur de paganini qui donnaient le ton à tes mots... crescendo de la dimension tragique...<br /> je vais changer de musique, on devrait pouvoir trouver moins tragique, plus serein, sans moins de profondeur... sur quelle musique écrivais tu, B. ?<br /> sourire à toi
V
"C'est ma faute, ma très grande faute j'ai écrit girafe avec deux f (desnos)<br /> Ne parler pas de faute mais d'erreur BUI auquel cas pas de jugement"dernier" aux écrits de B (sourire)sans faute.
B
BUI : La plus grande faute serait de n’en tolérer aucune.
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