→ 106 – Aux racines de poussière.
Tout est dit d’avance. Le silence plisse sous le poids de sa charge. D’échos en échos il puise à la source des ombres le plat souverain où est inscrite l’absence absolue. Tout est dit d’avance. La mer profonde absorbe les ondes. La résignation, l’abandon, la perte et la défaite meurent à la finitude des horizons où se renversent les débris et les ruines de nos fuites.
Tout est dit d’avance dans le muselage des songes et des sangs brimés où rien ne se perd à l’étouffé des heures. Le silence est un cerceau qui se superpose sur d’autres cerceaux comme une coquille fragile de nacre spiralée. Nos voix sont des détresses. Nos paroles des fils de gouffres mystérieux.
Tout est dit d’avance dans la boucle des itinéraires où s’épuisent nos vies à habiter l’éphémère. Passagers des encombrements du monde, nous hurlons nos inépuisables sentences à supposer le vivant en nous alors qu’il est dehors, alors que nous nous habillons des gouttes perlées de l’invisible.
Tout est dit d’avance. Ta prière comme ta promesse, ton vertige comme ton chaos. Tout est dit d’avance à l’intérieur d’un destin qui se cherche.
J’ovule la libération, l’accomplissement de la larme de mes tombeaux, de la mort où je suis né.