→ 102 – A la voie de ta voix.
Accroché à ta voix le timbre du chaos, l’horizon musical des sources ignorées où bascule l’ivresse des rythmes sous de fausses mélopées, des farfadettes de bruits lapant l’écorce des résonnances. Accroché au son des oiseaux tus sous les écumes qui gravitent dans l’opacité nuageuse des tes membranes, le filament des désordres du monde et le soleil bleu des ciels remplis de mirages enchantés.
Ne pas entendre le bruit de la pierre qui tombe en toi depuis l’origine c’est être limité à la fragile réalité du constat immédiat que tout privilégie. Et cependant c’est ne pas entendre les myriades d’atomes qui te chantent plus que tu n’es vraiment. Une simple voix d’accroche murailles, intonations des échos qui rebondissent comme des serpolets de lumière dans une abime silencieuse habitée par l’envoutement des ondes qui se brisent dans un infini d’émerveillement.
Puiser aux vocales vibrantes d’écorchures c’est un peu écouter dans le souterrain de ton ombre la léthargique pause du silence envahissant le calme vulnérable de l’ile première par laquelle crécelle ta voix d’enfance comme le frisson d’une feuille d’ambre qui se détache du corps pour voler légère d’un labyrinthe à un ordre rangé de rochers d’acier.
L’affable distance de la nature à nos extrémités brûlantes tranche la perplexité comme un bucheron perdu au cœur d’un océan, et nos forêts ne sont plus que des déserts d’amertume dont le fossile sert d’épitaphe. Ci-git la brûlure assoiffée des flamboyances antédiluviennes. Ta voix est un tonnerre que la foudre accompagne comme le noyau d’une cerise.
T’entendre. Prendre le chemin où court le ruisseau de tes ruissellements aussi silencieux que le regard de vacuité que la mort désireuse vient chercher dans le rire. T’entendre comme on prend la main du vertige pour lui faire traverser l’épreuve de la conjuration de l’apocalypse.
Ta voix enfin au cœur de la mienne comme une pluie de nécessités où se déploie une douce musique trépidante des battements incompréhensibles des ouragans impétueux des ravages des unissons. Dans l’unité du son flotte la perdition des échos qui n’ont plus lieu d’être. Lié et nu à ton bruit je m’efface comme le filigrane d’une sur-empreinte. J’écoute chanter le naufrage convergent de nos souffles et je danse dans le sommeil désencombré des ruptures d’équivoques pour ne vibrer que dans l’alcôve de tes spasmes. Dans ta voix ripe l’odeur de mon orage.