→ 89 – Dire du mot. Mots posés sur du papier.
Ecrire est un acte sauvage de débroussaillement, une machette tranchante qui fraye un chemin dans une forêt de cire. Ecrire, C’est se livrer à la menace du fantasme charnue des sens qui livrent leurs combats au fin fond du réel atterré, subjugué de sa part d’illusions vivantes.
Etranges paradoxes où l’étranger de soi cherche à devenir intime. Comme un épais brouillard, le leurre s’attache à l’inconnu pour lui donner un aspect si personnel qu’il se confond presque entièrement avec ce que l’imaginaire tente d’être.
L’écriture n’est jamais neutre même lorsqu’elle flirte avec l’improbable et l’invraisemblable.
La réalité dans son sommeil de sacre introduit au dormeur la part éveillée de sa conscience. Conscience aux jugements bafoués d’incertains et de désordres qui se révèlent à la vérité du jour comme un amas de certitudes mélangées des ruines familières et des horizons encore vierges de toute vie.