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LA COLLINE AUX CIGALES
22 juillet 2009

→ 87 – Derrière c’est devant ou de l’avant.

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Le silence s’enfonce dans le vivant. La chair ruisselle la parole qui abrite nos déménagements. Faire dire à la chair ce qui l’imprègne depuis la nuit des temps n’est pas simple affaire de questionnement, il faut aussi être en soi dans la possession de ses effluves à l’apaisement. Le moindre tumulte est synonyme d’éparpillement. Se méditer en appelle à une forme prolongée de concentration. Des eaux fluviales souterraines ne cessent d’imprégner les étages endormis de nos caves à découvertes comme si nous tombions par hasard sur une bonne bouteille oubliée depuis des lustres et dont la saveur conservée à l’abri du verre et de la lumière nous conduisait à l’émerveillement.

Une phrase venue des fonds des sources s’évade de soi révélant la part solitaire du berceau de l’enfance. Une phrase qui parait une esbroufe à l’entendement des grandes personnes mais une phrase qui si on sait la traduire nous ramène aux heures premières, celles dénudées de tout apparat, de toute considération, dévêtue des visages que nos bruits conduisent à la grimace.

Le berceau de la vie est habité  des soupirs de répulsions de contre nature. L’instinct grégaire bafoué dans son sang empoisonne l’invisible des naissances nouvelles. Arbrisseau démuni que l’on enjambe de nos cultures intensives dans une course sans but avoué autre que celui d’avancer, d’avancer toujours plus loin, toujours plus vite, à la recherche implacable de ce qui pourrait contredire l’insatisfaction latente du pas assez, du pas suffisamment grand pour nous étancher de toutes nos expectatives à nous astreindre à imaginer la vie plus grande quelle n’est. Non, à l’imaginer à la grandeur humaine qui dépasse ce que nous ne sommes pas.

Nous manquons beaucoup de nous asseoir. De reconsidérer le temps, de prendre le temps de nous réconcilier avec toutes nos parts manquantes. Creuser n’est qu’une métaphore à revers, car il est sans doute plus judicieux de laisser tranquillement remonter en soi le limon de nos antécédents et de les accueillir comme des cadeaux que la vie nous renvoie enfin de les faire sien.

Le silence s’effondre partout où le désir prend l’acte de la parole comme une voile qui propulse nos navires aux fins fonds de l’avidité. Dans ce lieu noir où le vouloir précède à l’évidence. Nous ne nous fréquentons si souvent que de nos expériences à reconnaître le sens de nos pas, de notre démarche à avaliser tous les compromis que nous nous tolérons au grand dam de nos principes moraux eux-mêmes défaits de leurs prérogatives existentielles, bafoués par nos traductions à l’emporte pièce, par l’interprétation de nos ruisseaux où courent nos déchéances.

Il faut s’ouvrir au courage de défaire le monde si nous désirons véritablement nous plonger au cœur de nos rythmes à chanter le vivant. Il faut le délestage qui nous risque à s’écarteler de nos racines au ciel d’espérances si l’on pressent le vertige des choses sensées.

Le laisser-faire a ceci de bon, c’est qu’il nous offre à la part inconsciente de nos tergiversations. Et qu’il les tranche sans se soucier de la moindre hypocrisie à nous concevoir du commerce de nos seules envies. J’ai toujours cru que le besoin avait affaire avec l’essentiel et l’envie avec la culture des fantasmes inoculés à notre insu par un environnement culturel dont la pression est si violente qu’il est presque inconcevable de s’en défendre.

Le paradoxe c’est qu’en écoutant tes bruits, je finis par entendre les miens. Réflecteur de mon apocalypse, c’est toi qui m’aide à me tuer de ce que je ne suis pas et qui m’extirpe des soleils où l’on ne fait que brûler.

Voler très bas permet de batifoler avec les herbes et de s’enrouler aux racines comme aux ronces, planer à petite distance de l’œuvre de soi et faire parler la voix de la terre qui tait la naissance de notre étoile. L’atteinte d’un quelconque bonheur est liée à la résurgence, à l’abondance de la résurgence, il ne peut pas y avoir de joie entière sans ce filament lumineux qui nous relie aux foudres méconnues de nos fondements. L’insatisfait loge la prémisse de toute chose, ce n’est que dans le débordement de l’amplitude qu’il nous est possible d’aborder notre plus vulnérable richesse : vivre.

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