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LA COLLINE AUX CIGALES
13 juillet 2009

→ 80 – Etre sans être.

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Un ruban de jour traine sur la porte. Le ventre de la mer transporte le silence et je suppose sous le roulis, le déploiement de l’inconnu. Le jour et la mer s’emmêlent sans rien dire de l’opacité que fait le bruit des vagues. Gronde une mouture d’air et d’eau qui pleure et mouille le regard comme pour flouter le visible que les sens ne sauraient vraiment traduire.

Le silence comme une bête morte, lynché par la lumière, ne veut plus rien dire. Plus aucun bruit ne transperce le crépit de sa mousse. Le bout de la mer, la fin de soi tire l’horizon jusqu’aux rives fragiles de l’infini qui désoriente. Il fait beau, il fait doux mais il fait aussi froid et je tremble. Mes sens ne savent toujours pas où abonde la certitude de la raison et ils se limitent à transporter ce que la réaction avale comme une monnaie courante, ordinaire.

La vague a du tempérament, elle s’effondre de son pic avec la soudaineté de la surprise alors qu’on sait bien qu’elle ne grimpera pas nettoyer le ciel. Et cependant, opiniâtre à se rouler, elle se déverse toujours depuis des millénaires sur le même sable, le même rocher. De ce qui est dur à la rencontre, elle creuse ses mappages et ses sculptures, de ce qui est souple et spongieux, elle s’enlise jusqu’à porter l’écho du sel dans les veines de la tempérance.

Tu étais là, telle une sauvegarde à ce qui désempare et puis la mer t’a vaincu comme un combat surprenant et déloyal tant la puissance se réduit à l’aplomb d’une précaire exigence de survivance. Tes yeux remplis de mer, tu coules du bleu qui dégouline jusqu’à tes mains et tes mots deviennent des mouettes qui s’échappent d’une brassée d’envols qui inscrit dans les hauteurs les fuites inexorables qui vont rejoindre l’écume.

La boue de la mer est immense, la promenade de l’immense aléatoire et imprévisible. Nos visages comme elle, inavouables et changeants.

Pouvons-nous vraiment nous intituler tel un « lieu » ? Ne sommes-nous point seulement d’éphémères escales sans corps perchées sur un relatif de brillance ?

Le lieu occupé n’est-il point seulement perspectives et hypothèses qui ne se voient que lorsqu’on passe le doigt du regard dessus ?

Etre conçoit la réminiscence qui défigure comme un nez trop long sur un visage rond qui plisse sous l’apesanteur existentielle et le rocher devient dur, devient lourd, devient le barrage, la frontière entre ciel et mer.

Billevesées d’une vie qui se fait aux abords de ses tiraillements, je te respire dans les yeux. Fouette ma langue qui te lippe là où l’effroi appelle comme une mer de signes, comme une terre d’asile pour l’inexisté. La main de l’aube répète son geste d’embruns et le jour sillonne à contre-courants ce qui me fait être pour devenir. Frivole occupation de soi où le finalement de rigueur n’est que tour de passe-passe et où l’on devient l’autre de soi sans changer de peau. Vide, vider du vide qui offre à l’occupation des inaccomplis la litière des désespoirs. Ailleurs de moi, le monde n’existe plus, je suis devenu ce caillou que tu jettes au loin pour essayer d’atteindre une cible. Regarde ! Il y a un trou dans le ciel que la mer veut boire. Ton pouls est ma carcasse.

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Commentaires
I
Bon jour!
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