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LA COLLINE AUX CIGALES
28 juin 2009

→ 70 - Des bris.

Tamara_de_Lempicka__Suzanne_Bathing_1938

Il y a l’averse douce dans ce ciel gonflé de préludes débordants de silence. Il y a ce rugissement inaudible des cloaques mélancoliques que les nuages en se croisant et s’emmêlant laissent derrière eux. Le ciel est si grand que même les étoiles peuvent y jouer à cache-cache. Et ce qui ne s’y perd pas, trouve toujours un caillou pour se glisser au-dessous.

Un ciel pleure et se nettoie comme une vitre. Ce sont toujours les mots d’enfant qui n’ont pas dits leur dernier mot qui montent en écume blanche comme une mayonnaise fine. Dans l’horizon soulevé, un sourire répétant sa lame ronde rebondit comme une balle. Sphères de désirs qui s’égouttent sur le fil des heures mortes, tuées par le locataire de l’instant.

Au loin comme au devant c’est l’amour qui répare les encornures des pages de déchéance que les frissons ont pliées. Chaque solitude repose sur le bord d’une fenêtre surplombant le corrompu d’une histoire. Regards délétères pourrissant la moisson. Souvenirs irrespirables devenus les engluements toxiques des rêves d’homme.

A l’exil des chairs de mémoire, quelques épluchures racontent encore le décharnement des combustions où les étoiles s’éteignent. Lueurs prégnantes de l’éternel sacrifice que la mort enlace de ses mains d’étaux. Lueurs indélébiles où se tracent les empreintes de lumière et dont je ne sais quelle soif ravive au blanc premier où se bâtissent toutes les couleurs.

Les bonheurs manqués sont des résistances qui nous obligent. Là où les temps manqués ne se rattrapent pas, demeure la désalliance des sanglots que rien ne peut consoler.

Chavire, ô oui, chavire le temps ! Je n’ai rien à offrir aux champs dépeuplés des combats où les hommes s’enlisent jusqu’à leur mort.

Coule, ô oui, coule ! Radeau sans voile et emporte avec toi l’audace fratricide des sentences coupantes comme des lames de rasoirs affûtées qui dépècent les peaux de la lumière.

Dans un regard, une main se tend. L’ombre du silence perdu revient sur l’aube des bouches nouvelles. Tes lèvres brandissent le miel des baisers où se heurtent les indices d’une évidence plus enceinte encore que la langue des mots, plus vrais que le bonheur que tu espères, plus rouge que le sang de tes jours où s’invente le soleil dans les débris des lunes qui s’alignent comme un collier de perles.

Dans le souffle n’habite qu’une voix de silhouette, qu’un instinct primal où bave l’eau de mer et où se forgent tes vagues.

Et moi, je te parie ma vie sur cet écheveau où tu chapardes au destin le plus beau des souvenirs, le plus grand des soupirs : l’instant immédiat.

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Commentaires
B
virtuelle : « … le pouvoir de l’imagination ne se perd pas dans l’obscurité. » J’aime bien cette façon de voir d’Almodovar.
V
Il y a des orages au fond de sa voix qui reste désespérément muette. <br /> Il y a comme des étoiles dans son regard qui sont autant de débris de ses histoires avortées.<br /> Il y a des odeurs devenues des effluves des bonheurs entachés.<br /> Il y a des soupirs dans des étreintes brisées* chapardées pour l’instant immédiat. <br /> *Très beau film d’Amodovar<br /> Bien à vous
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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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