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LA COLLINE AUX CIGALES
22 juin 2009

→ 65 - Laps de temps, laps de Quand.

suzy

Leurre d’heures au zénith des courbes, sur l’épaule du temps une chouette joue au tic-tac. Le leurre, cette frange de rêve qui se mesure et donne la cadence. Rythme soutenu qui s’efface en laissant trace. Hier parle à voix basse et traine son murmure comme une valise chargée. Grelots de souvenirs qui s’éclairent d’une pensée.

Un trompe l’œil taille dans les branches mortes. Sursauts des saisons, les feuilles tombent ou poussent et avec elles, l’éternité se limite à sa plus simple expression.

Des clapotis de mémoires lourdes gorgent, sous le front ridé, le balancier où s’enregistre le présent. Le baiser de la pendule crache son poison.

Tu connais l’heure par cœur. Chaque minute, chaque seconde, quelque chose s’inscrit dans cette boite enregistreuse et se rappelle à toi refoulant l’oubli. C’est que ce qui se perd dans le souvenir ne s’installe pas toujours là où tu crois. Derrière le paravent toise les blocs de pierre de ta carrière.

Et tu creuses, creuses, à défaut de recouvrir. Cherchant sous la masse impalpable le déclic qui fait résonnance à toutes tes failles. Tu t’épuises à soulever caillou après caillou, filtrant jusqu’à ton sable comme un chercheur d’or.

Et lorsqu’il te semble avoir mis la main sur une pépite, tu hurles comme un loup des forêts, tu danses comme un indien autour du feu de ta préhistoire.

Encore une fois, sous tes paupières se réveille ce qui dormait du sommeil des anges.

Contemplation impuissante, vaine roucoulade, l’heure grave à l’aigu de sa pointe et aux ressorts de sa matière liquide qui pleut comme un arrosoir percé de toute part. Tu n’habites bien que le temps que tu occupes comme un prisonnier sa cellule et c’est au prisme de ta mansuétude que tu vas à confesse réciter les grains de sable qui sont morts en toi. Grains germinatifs que tu ravives souvent à tes dépends. Grains inoculés à la dimension de nos lâchetés et de nos espoirs. Grains temporels au labyrinthe de tes abimes, mouvement sans toi qui t’habille et te déshabille de ce qui tend à ne pas être.

Ton sac se remplit. Tes espaces se rétrécissent en s’agrandissant. Ton esprit dure à se croire vainqueur et ta main grappille à ta contingence dans le buisson de ta perception. Et tu te dépasse de ce que tu ignores.

Voici ma vie qui se cueille comme une dentelle, voici mon cœur mutant au transitoire et puis voici mes ans comme une ordonnance.

« Elles naissent et elles meurent, et en naissant, elles commencent pour ainsi dire d'être, et elles croissent pour se parfaire, et parfaites, elles vieillissent et périssent. Lors donc qu'elles naissent et tendent à être, plus vite elles croissent pour être, plus elles se hâtent pour n'être pas. Telle est leur limite… Que ton âme te loue de ces choses, mais qu'elle ne se fixe pas en elles par la glu de l'amour, à travers les sens corporels ! Car elles vont où elles allaient pour ne pas être, et elles la déchirent de désirs pestilentiels, puisqu'elle veut être (ipsa vult esse), et qu'elle aime se reposer dans ces choses qu'elle aime. Or, en elles, il n'y a pas où se reposer, parce qu'elles ne s'arrêtent pas : elles fuient, et qui peut les suivre avec les sens de la chair ? Ou qui peut les saisir, même quand elles sont sous la main ? » (IV, 10, 15) - SAINT AUGUSTIN -

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