Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LA COLLINE AUX CIGALES
18 mai 2009

→ 28 - Dans ces moments là…

photo_1026497_L

L’homme aux arêtes de poisson se souvient du sel et de la mer. L’homme à l’intermittence des lumières, aux halos d’ombres indéfinies qui le suivent, qui le tracent plus grand qu’il n’est. L’homme d’eau et de tourbe qui habite son jardin et qui cherche à demain dans son présent à moitié humain, à moitié mystère, tout entier devinette. La vie cachée dans les plis de ses gestes à rester debout. La vie menue et fluette aux abords des tendrissures qui blessent. Juste dans la proximité à vouloir s’évader du rêve de l’autre, du rêve collectif dont chacun pourchassent son propre rêve. Broderie de blanc et de noir échancrée sur les seins de la patience. A l’exil de l’attente, la parole se faufile comme le lien sacré des ablutions du silence. La pensée se dérobe dans le mot réducteur qui navigue dans les vagues de la lumière. Tantôt prisonnière de son envolée, tantôt geôlière de son escapade. Rien ne dit davantage qu’un murmure qui geint la crainte de l’oubli. Et pourtant.

Celui qui se raconte ne parle pas de lui-même. Il tire le voile des énigmes et expie l’emprise de ses carcans. Et si rien n’est tout à fait lui, ni tout à fait autre, il s’échappe dans le déploiement de ses foudres venues réveiller le miaulement de ce qui le terrasse, de ce qui le conditionne à n’être que lui-même.

Te souviens-tu du parfum de jasmin qui enivre nos sens lorsque monte le soleil dans le ciel et que nos désirs grimpent pour le rejoindre ?

Pâles pudeurs de nos peaux à s’échancrer dans l’instant de nulle possession, démis de frisson, dans l’acte de l’ombre où surgit la nature qui s’élève. Tendres embrassades de nos yeux qui ne voient du monde que les bras qui nous accueillent. Pris à la vie comme une graine qui germe, embourbée à l’espace qu’elle ne sait agrandir, la croissance se limite à ce qu’elle flaire dans son enfermement. Pour grandir, il faudrait déchirer la douleur des réponses à nous concevoir. Il faudrait ré-habiter le feu qui jacasse le contenu de chaque sens à l’exergue du bûcher de la conscience. Défoncer l’égo, le mur de nos lamentations, de nos souffrances à nous replier à l’unicité du paraître.

Et le temps s’agrandi des tributaires inhabités, des éloges grasses des fictions où se réinvente le chaos. Se désigner offre au paradoxe de se juster à ce qui dévore nos contemplations, et de nos perpétuelles restitutions à nous asservir de nous-mêmes, nous n’accomplissons qu’un relief à mille facettes. Si nous sommes inaptes à l’oubli qu’adviendra-t-il des mémoires que nous habitons ?

La pensée nous sauve en s’effaçant. A s’effacer et à dissoudre, nous occupons le passage entre l’abime et la mort. Peut-être t’aimer dans le noir et le vide nous ouvre t-il à nos fonctions aveugles que la nature des choses nous a condamné à posséder sans pouvoir échapper à une possession autre.

Publicité
Commentaires
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 207 341
LA COLLINE AUX CIGALES
Publicité