→ 18 - Dans l’avant, dans l’après.
L’heure coule entre les épaves du jour inhabité d’avant la mémoire. Les brûlures sont des lanternes qui connaissent mal la lumière des refuges sombres. La terre des corps ensevelis de la défaite à durer coud le serment voué à l’éternité. Dans la suture, l’exode s’allonge comme un sans vie et les plis anciens des amours dépouillés donnent au temps les allures d’un costume froissé. Dans l’avant, dans l’après, l’inutile prend ses marques pour que les visages se souviennent. Dans les méandres où je disparais pour rejoindre l’inconnu des âges du monde se peuple l’ombre des aubes où se tissent mes rides à venir. Ici, l’instant est un carrefour. Le point de ralliement des âmes perdues aux jachères des tourments. Suspendues comme des valises trempées qui sèchent au plafond et qu’un jour il faudra ouvrir pour goûter à cet inexorable auquel on extirpe quelques rouilles.
On se réinvente de ce qu’on est plus pour recoudre les fils d’un parcours où nous restons nous-mêmes malgré les marches différentes. Dans le ventre des calendriers, dans l’âge des sans âge, dans la prudence temporelle de sa grammaire, la voix cherche un axe de réel en dehors des mots. De sa quête à reformuler le langage est une improvisation permanente qu’il reste à dévaster.