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LA COLLINE AUX CIGALES
3 mai 2009

→ 04 - Avec circonspection.

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Les mots qui ne viennent pas. L’engourdissement de la source. Tu aurais voulu dire, mais une autre fois. Le pain de tes gestes, le regard dans l’autre, la ligne de lumière de tes lèvres, tu aurais voulu dire, mais une autre fois. Le don de vie, l’amour qui s’offre, le parfum des étoiles, tu aurais voulu dire, mais une autre fois.

Fragile lumière que la confiance accorde aux hommes. La gratitude des ombres mélangées dans l’unité des clairs obscurs se replie dans la survivance de la solitude. L’ennui est recours à la défense des spectacles sans jus. Dans l’isolement tout ce qui surprend proclame nos incapacités dans le miroir et nous augmente des petits riens que l’indicible condamne de n’avoir su livrer.

Les mots qui ne viennent pas et la vie malgré ce, qui déborde.

La nuit s’est perdue dans une promenade sans fin. Dans le tombeau des ombres, le réel s’angoisse des purgations improbables qu’il dénonce comme le leurre des brouillons sans conséquence.

Il suffit à la mémoire de rajeunir l’oubli d’une sensation lointaine enfouie profondément et l’on repart à la chasse aux frissons.

Je ne te connais pas, je te sais. Je ne te devine pas, je t’emprunte à mes sens. Je te visite sans te soumettre à l’exploration, sans que tu puisses soupçonner ma présence. Je viens en toi toucher le silence qui halète dans le noir.

Je te gravite dans le tunnel des évidences, dans ce lieu de nos absences trouées que seuls nos rêves chuintent lors des foudres d’émotions qui découpent la sécheresse de nos exils en terre de peau et nos errances en lamelles de poudre de braise en sommeil. Ce désert où le goût du sel se disperse et se mélange au sable pour nous donner soif.

Il est temps pour se dire, se vivre, se mouvoir, s’étendre de soi, de traverser le miroir pour réveiller la latence en plongeant dans les décombres de la mémoire puiser à nos ruines l’inexplicable de nos partages muets. Il est l’heure de parcourir l’effacement de nos traces et de suivre tout entier le chemin de dérobade comme un fil d’Ariane ramenant aux sources.

Il faudrait se pencher sur l’autre soi, pour reconsidérer l’existence insoumise et abandonnée qui est restée dans le magma de nos distorsions préliminaires. Tu ne dis rien, tu vibres et tes vibrations sont l’exactitude de ton dire vivre par lequel tes geysers de chair expulsent les chaudes bouffées qui se traduisent au bout de tes gestes.

A l’expérience des dévasions, des évidements, des réactivations de jachères où s’est éteinte la rencontre d’avec soi, pas celle du soi ordinaire, commun à nos étrilles quotidiennes, non, le soi qui est autre, presque étranger, qui est cette part non révélée dans laquelle sommeille le non dit, le non exprimé des réminiscences si lointaines qu’elles paraissent des oublis refermés à jamais.

Il est le temps des souffles d’appointance, des bains de regard qui floquent aux embruns de la conscience. Il est le temps des tisanes, des filtres et des épurements aux disettes où nos erreurs passées sont des trésors d’avenir. 

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Commentaires
B
myangeforever : ma plume est la sécheresse dévoyée de ma peau.
P
Les mots sont de vrais magiciens, ils ont tant de pouvoir!<br /> Comme j'aimerai en ce moment avoir ta plume et continuer d'écrire à l'encre de mon coeur à celui qui hante mes nuits, alors que je ne rêve que d'instants enflammés.
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