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LA COLLINE AUX CIGALES
16 avril 2009

Michel HENRY

« Si par exemple je regarde mon visage dans la glace, je ne vois assurément pas une chose sans nom, quelque masse de matière inerte. Je vois un visage précisément le mien, je vois un regard, un regard qui me regarde et je me dis peut-être : « Comme ce regard est triste ! » J’essaye de me sourire et ce n’est pas la déformation d’une chose privée de sens, c’est un sourire précisément que je vois. Pourtant, là où ce regard me regarde, là où sa tristesse m’apparaît, où ce sourire me sourit, sur la surface lisse de la glace, il n’y a aucune vision réelle, aucune tristesse réelle, aucun mouvement se mouvant en soi-même, aucune chair s’auto-impressionnant soi-même dans l’effectuation d’une vie singulière. Si donc mon propre corps que j’observe dans la glace, ou le propre corps objectif d’autrui, que je vois tout aussi bien, sont constitués de significations telles que « regarder », « souffrir », « se mouvoir », c’est uniquement parce que de telles significations sont empruntées à une chair vivante. Celles-ci rend seule possible la constitution dans notre expérience de quelque chose comme un corps « habité par une chair ».

                         - Incarnation, une philosophie de la chair, éd. Seuil, 2000, p.220. -

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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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