C064 - L’avènement qui déclos les paupières.
Une vigilance mise à sac dans l’événement en devenir…
Je caresse à l’aveugle ce corps nu qui m’inonde
Sans saisir de l’artefact le réel chétif mais insoumis
Un instant j’entrevois ce pourpre de vaguelettes
Des espaces qui m’échappent et me fascinent
Un instant réduit à l’immensité
Un instant tremblant à l’épouvante des possibles non examinés
Comme si j’avais oublié de faire ou de dire le geste qu’il aurait fallu
Prisonnier d’une prudence sans faille d’une audace précautionneuse n’allant jamais au-delà des bords
Toutes respirations demeurent inachevées et les plis de l’air renferment et enserrent de manière à ce que jamais je m’atteigne vraiment
Il y a un vide entre moi et la vie
Une ligne de démarcation, un Gaza d’infortune, un mur où se lamentent les sauts qui ne peuvent bondir
Seul l’éclat parvient à surgir
Il est l’avènement, il est le sursaut des frontières, il est le détroit où poussent les îles comme des confettis de repentance ou de résilience
Des îles longitudinales où se défrichent à l’effort des sentis les émotions qui bouleversent
Des îles de tonneaux à la mer qui relient les terres sauvageonnes sur lesquelles naissent les fleurs inconnues, les fleurs sans nom, les fleurs innommables aux parfums enivrant des sirènes, aux attirances qui déchirent le jour pour nous laisser nus à la transgression qui nous dévoile un vocabulaire éternel
Avant de naître de moi-même, j’ai connu l’embrassade des rives d’une seule terre, d’une unité parfaite où les marécages étaient dans le ciel et où la mer n’était qu’un gaz d’urgence enfouie aux mélanges des ténèbres
Et dire qu’en voyant seulement tes yeux, je vois tout cela
La contraction est telle que j’y sublime le miniature de mes lexiques de vie
Je me balade dans ce résumé
Et j’arpente les voix du cœur comme seul vestige de ces temps disparus
Perdu au milieu des souffles, enfant au peuple des nuages, livré en pâture à mes propres accents
Je ne me découvre des hommes que par les hommes et mon dépeuplement est à la grandeur de mon désespoir lorsque je ne sais me résumer
Il me faut le hasard des nécessités pour recouvrir les landes rebelles à l’injonction du paraître
Dans ce semblant ou l’artificiel est la nature de ma nature
L’inavoué de mes souhaits
Sans doute celui d’aller rejoindre le soleil
L’astre des astres de vie
Le tombeau de toutes vies
L’instinct a deux ailes, l’une à la volée du vivant, l’autre tirant à la mort
La réunification de mon candide s’évanouit à ces extrémités.