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LA COLLINE AUX CIGALES
31 mars 2009

P59 - Juste toi.

rembrandt_sarah

Du cousu main, cette broderie textuelle

Tracée à main levé, à libre tendance

Un essai de choix sans choix, sans voix

Juste toi

Mon cœur sur une civière

De retour de croisade

Ne voulant plus croiser rie

Juste s’étendre, juste s’entendre

Ma liberté aussi étroite que tes lèvres

A me dire

A me susurrer

Du bout des franges d’émois

Après la bataille d’amour

Une cigarette fume seule

Sur le bout du lit

Et tes yeux piqués

Sautent au plafond

Pour nous voir de plus haut que nous sommes

Nul brancardier à l’horizon

Seulement l’étoffe de tes conjurations

Pourvu que nous ne rêvions pas

Pourvu que le réel soit corrosion

Et que nous sentions nos vies se dissoudre

Au moins un peu

Au moins assez

Pour croire à la douceur des draps

Pour s’acoquiner de nos peaux

Pour rire d’un rire d’éclat cristallin

Et que nos mains soient des mots

Qui traversent la chair

Que nos rêves succombent

A l’éternité du rire

Que nos consciences adulent

L’amour perche l’impossible

Sur des rimes en cascades

Ce qui ne pouvait pas être

Prend la forme de tes formes

Ce qui était inatteignable

S’ajourne des ombres vaporeuses

De l’hésitation résolue à s’affirmer

Vainqueur d’avoir perdu

Le devenir n’a pas de commencement

Ou bien il est si lointain

Que nul n’en sait plus l’origine

Il n’y a qu’un début

Et il repose sous le masque sombre

Du désir qui pousse

comme un aveu

Du cousu d’ombre, ce peau à peau

Où s’endorment les grelots de l’enfance

Au sommeil des réconciliations

Au sommeil des sutures et des boucles

Que le cœur pique comme une aiguille

Pour recoudre les abimes

Pour que les précipices se rejoignent

D’un seul tenant, d’une seule toile

Où s’habillent nos émotions créatrices

Juste toi

Et le monde palpite à nouveau.

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Commentaires
B
@ lidia : mes mots sont hors du temps ; elle : est une hypothétique silhouette que je m’invente, rien d’autre. Je passe aussi régulièrement vers tes mots.
L
Je viens te lire, parfois je repars en silence, non, souvent.<br /> Mais à chaque fois, je me dis "pourvu qu'"Elle" le lise. Quel gâchis si tel n'était pas le cas.<br /> "Nul brancardier": j'adore.<br /> Je souris...
B
@ S : Merci de ton appréciation. Vainqueur d’avoir perdu le mot, lui aussi, se réjouit du plaisir qu’il peut épandre.
S
"Du désir qui pousse comme un aveu"... en chacun de ces mots.<br /> Un texte rare.
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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