C057 – Une envie soudaine…
Une envie soudaine de répondre à ce qui ne se répond pas. La force de la conviction égrène les possibilités, multiplie les occasions et retourne toujours sous la pierre à fondements. La volonté qui s’essouffle se refait une santé derrière les fagots et revient à la bataille de soi envers soi sans que l’on puisse vraiment la répudier. Toute la vie suggère.
Le jour de l’expérience de toi, seul le silence de l’identité éternelle laisse son ombre sur le grand mur blanc que la chaux absorbe comme une éponge. Toute l’heure est un pied de nez à l’extase possible. Les yeux n’en lisent que la vérité qui les accommode. Les sens aux aguets sursautent et font fi des tumultes qu’ils désirent garder étrangers. Il faut l’effondrement pour s’accepter de ce que l’on croit ne pas être. Vivant le JE comme une troisième personne du singulier, on s’oubli sur les routes vagabondes où rien ne résiste à la solitude implacable des heures vides. Notre résistance et à la mesure de notre engouements à nous défaire et à nous dilapider de nos forces souterraines. La première des résistances c’est moi. Je me dessine autrement que je suis pour toucher d’un doigt fugace l’image que je pourrai revêtir dans le meilleur des cas. Les mots me servent à mesurer la distance de l’immense qui me déborde et dont je me saborde de peur de m’y perdre tant le grand y est infini. Mes souliers sont dans le pas des autres qu’il me plait de définir comme le meilleur de moi-même. Il est si intolérable d’être convaincu malgré soi. A l’immensité j’offre l’inépuisable du vivant chacun se confrontant comme des puces qui souhaitent envahir l’autres. Et je suis dans la démangeaison d’un artifice, d’un visage sans forme, d’une peur sans nom. Non, le langage n’est pas inventé pour faire admettre l’inadmissible, il est l’inadmissible même. Il est de l’homme la forme la plus carcérale et le plus improbable. Il ne contient que le possible du jour soit le balbutiement des aubes. Le seul langage encore à peu prés tolérable est la parole du fou et de la folie. Là où s’incruste le sens inaltérable que la vie ne veut renoncer à étendre malgré le bétonnage des pensées. A l’étriqué, dans l’étroitesse du verbe inconnu où chaque année l’insensé va déposer une gerbe aux mémoires sèches de nos fondements d’éclairs. Je n’invente la guerre que parce que je ne sais pas vivre de la paix. J’aurai pu inventer le bonheur si j’avais su m’en satisfaire. Mais de mon corps à mon esprit, c’est le chaos qui est plus fort. J’ai inventé l’espoir pour conjuguer la joie possible au futur et m’étonner du rire présent. L’ennemi pour avoir du sens se trouve en moi, pas ailleurs. L’ivresse pour avoir de la densité s’opère en moi pareillement où alors n’est que la forme étrangère de mon désabusé. Oui, jamais vraiment étanché, toujours avide d’un autre monde, c’est cela sans doute le mécanisme qui me fait encore existé. Tout comme c’est dans la profondeur de mon désespoir que j’entrouvre la forme la plus élevée et la plus sincère de ce que je m’époumone à être. Sous ma peau une nuée de souvenirs que la mémoire ne sait plus traduire autrement qu’instinctivement. Tu me pinces et je dis : aie !
Je t’en pris, n’arrête pas de me bousculer, ne cesse pas de démentir mon réel à coups d’illusions, continue à déverser tes cris et tes révoltes. Là au moins je sens toute la dérision de mon être et en même temps toute la puissance de sa persistance. Je ne suis qu’un échantillon, m’a-t-on dit. L’invasif est une poursuite, un commencement où rien ne se termine. De l’odeur de vivre je voudrais ne conserver que le parfum du rire. Dérisoire refuge de l’expression qui ne se refuse rien.